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VOYAGES EN FRANCOPHONIE

Ces textes ont été proposés par l'APFA à l'association France-Québec et utilisés pour les "dictées francophones" organisées de 2001 à 2004. Ils retracent les voyages d'un personnage (Alexandre) dans différentes régions francophones : Auvergne, Belgique, Gabon, Île-de-France, Lyonnais, Provence, Québec, Île de la Réunion, Savoie et Suisse romande, Sénégal.

Le vocabulaire utilisé tient compte des spécificités du français local. Les mots qui ne relèvent pas du français "standard" sont écrits en rouge brique. En plaçant le curseur de votre souris sur chacun de ces mots, vous provoquez l'affichage de sa signification.

Vous pouvez donc lire ces textes pour vérifier votre maîtrise de l'orthographe ou pour vérifier votre connaissance des particularités locales du vocabulaire français.

Un lexique (classement alphabétique par région francophone) est disponible à la suite des textes.


Premier épisode

Alexandre était marchand de couleurs à Paris. Quel que fût son attachement à son métier et quelque casanier qu'il pût être, il décida néanmoins d'oublier pour un temps le faix de ses soucis et d'entreprendre un voyage chez les Francophones.

Son choix se porta d'abord sur Lyon où il s'offrit un mâchon de matefaims, de dents-de-lion et de bugnes après une promenade dans les traboules guidée par des gones.

Il se dirigea ensuite vers la Savoie où il rendit visite à de vieux amis, soi-disant ses cousins. En dépit de ses septante ans, sa "cousine" était encore fringante. Il la trouva en train de panosser sa cuisine et faillit s'encoubler dans le seau. "Attention !", lui dit-elle, "tu vas cupesser. Défais-toi et va au salon. Tâche moyen de faire un clopet en m'attendant." Le salon communiquait de plain-pied avec la cuisine. Dès qu'elle eut fini, elle l'emmena à la vogue du village pour voir tourner les carrousels.

Après son séjour en Savoie, Alexandre prit l'avion pour le Québec. Il loua un char à l'aéroport, mit ses bagages dans la malle, qu'il n'oublia pas de barrer, et alla magasiner dans un centre d'achats, après avoir dû visiter plusieurs stations-service pour trouver du gaz. Il y dîna d'un sous-marin accompagné d'un breuvage, qui lui parurent dispendieux, et prit un traversier pour rejoindre l'autre rive du Saint-Laurent. Des amis l'attendaient pour souper avec lui en jasant. Il aurait voulu arriver à la brunante mais il prit du retard à cause de bancs de neige et dut chauffer dans la noirceur. Évidemment, il s'écarta. La ligne téléphonique de ses amis était engagée et il profita d'un arrêt à une lumière rouge pour demander son chemin à deux policiers aux uniformes amarante.

Comme étape suivante, il opta pour le Sénégal où il se fit inviter comme causeur pour faire un exposé sur la francophonie, dans la gouvernance d'une région, à des conférenciers étudiants. Quoiqu'on eût tardé à lancer les invitations, la salle était comble. Après son intervention, il mangea dans une gargote et alla faire des emplettes dans une librairie par terre et auprès d'un marchand de table qui faisait le golo. Il lui acheta des tire-bottes et un boubou pour des amis broussards qui élevaient des bœufs à bosse et des élands d'Afrique. Il se trouva mêlé à une foule de caravaniers et préféra prendre un de ces taxis à lampion, munis de deux pare-soleil colorés, qui sillonnaient les rues.

Deuxième épisode

Après avoir observé des flamants roses, Alexandre admira deux juments, l'une alezane ou baie, l'autre noire comme du jais, assez rares en Camargue. Faisant bouléguer une lagremuse qui se soleillait près d'une cougourde, il alla s'asseoir sur la murette d'un mas aménagé en auberge, orné de bougainvillées orangées et surmonté d'oriflammes bariolées comme maints édifices commerciaux. Il y lut les pages cent quatre-vingts à cent quatre-vingt-dix de son guide de Provence en écoutant des plains-chants diffusés par le haut-parleur criard d'un cabanon voisin. Ce raffut n'eut pas l'heur de lui plaire. Escagassé, il entra dans le mas pour boire une citronnade ou une limonade et taster un chichi. Comme goustaron, il eût préféré un pan bagnat niçois. L'auberge était pleine de gardians, réunis pour boire le pastis en blaguant avec un félibre et esquichés comme des anchois.

Lassé des ciels indigo de Provence, Alexandre se rendit en Belgique. Au cours d'un avant-midi, une drache l'obligea à s'abriter sous une aubette, en compagnie d'une agace et d'une aronde aussi transies que lui. Il en profita pour écrire des cartes-vues à ses amis. Mais un mêle-tout vint le mettre en bouteille à cause de son accent, prétendument nonpareil, et il préféra se réfugier dans un centre commercial où il acheta un cramique, un pistolet et un maroilles de Flandre. Il parvint enfin chez un ami, un préfet d'athénée, bourgmestre de surcroît, qui venait de prendre sa pension. Il le trouva en pleine brette avec son petit-fils, un jeune taiseux qui avait perdu son journal de classe et qui était assez porté à faire le chat. Les deux protagonistes s'étaient laissé gagner par la véhémence. Quoique, dans son for intérieur, il approuvât le grand-père, il préféra ne pas prendre parti.

Alexandre embarqua ensuite sur un vraquier québécois qui retournait à Montréal et qui fut accompagné pendant quelque temps par des orques étonnées. Muni de crayons, d'aiguise-crayons et d'effaces, et quelque remuants que fussent les cétacés, il se désâma pour les dessiner. Il fixa, avec des broches à linge, ses dessins sur le babillard du navire. À l'arrivée, c'était l'hiver des corneilles. Il neigeait et les charrues à neige parcouraient les rues. Il acheta des claques sans barguigner et pouça pour rejoindre une maison où il devait chambrer. Ce fut très long, car c'était l'heure des travaillants, et très achalant, car il était monté avec un niaiseux qui se croyait. Sa chambre était glaciale. Il enfila un chandail, alluma la fournaise et se blottit sous une douillette.

Troisième épisode

Après le foehn, le joran soufflait dans la campagne vaudoise et il s'était mis à roiller. Alexandre avait dû quitter le bois de fayards pour se réfugier près d'une auberge. Mais la cheneau était ébriquée et une gouille lui mouillait les pieds. Il poussa le péclet de la porte et entra. Un régent y sermonnait deux bobets qui frouillaient à l'envi aux cartes et s'étaient ri de ses reproches. Des pives brûlaient dans l'âtre. Des greubons, oubliés dans un caquelon, s'étaient calcinés. Pour se rapicoler, il commanda une demi-cruche de bourru. La manoille ébréchée de la cruche lui égratigna les nilles. Il en but une golée et acheta des rissoles dans un cornet. Il se sentait mollachon et pas assez vigousse pour pitater encore. D'ailleurs, il devait souper sur l'autre rive du Léman. Étaient prévus au menu des diots à la polente, des longeoles aux crozets ou des féras farcies accompagnées de rampon.

Alexandre passa ensuite quelque temps à la Réunion. Après une randonnée harassante dans les îlets d'un cirque et un bain dans le bassin d'une ravine, il redescendit par une route cabossée par les avalasses de l'hivernage. Il traversa une zone d'avocatiers marrons, puis des vergers de letchis, de longanis et de palmistes. Il longea une case entourée d'une varangue. Un margouillat dormait sur le mur. Des poules cacaillaient. Une jolie Cafrine ramassait des mangues mûres qu'elle s'était plu à sabouler. Un chat vint lui graffiner les mollets et lui faire des ecchymoses. Des marmailles qui battaient la boule s'arrêtèrent pour le louquer. Une femme sortit de la case pour taquer le barreau de la cour et demander à ses enfants de venir s'asseoir au manger, après leur avoir annoncé un cari aux brèdes de chouchou dont on sentait les effluves parfumés. Alexandre se hâta. Un ami l'attendait au Québec et il craignait que l'avion ne décollât sans lui.

Il voyagea à côté d'un mulâtre aux yeux de jais, très sentencieux et affligé d'une voix de rogomme, qui le soûla (saoula) d'aphorismes obscurs et d'arguties embrouillées. Il retrouva son ami, un gars de bois aux cheveux carotte qui aimait chasser le garrot et, de surcroît, callait l'orignal comme pas un, en train de cueillir des girolles dans une bleuetière. Sur ces entrefaites, et quelle que fût sa curiosité, un suisse, dont les flancs avaient des reflets acajou, se garrocha vers des halliers avec une plainte aiguë tandis que des pipits d'Amérique et des passerins indigo s'envolaient en catimini d'une épinette. La faim les conduisit dans une binerie dont la salle à dîner était emboucanée et où on leur servit des fèves au lard et une beurrée au sirop de poteau qu'Alexandre mit aux vidanges.

Quatrième épisode (plus difficile, prévu pour des finalistes)

De retour en France, Alexandre se remémora les apophtegmes abstrus que son voisin lui avait assénés dans l'avion. Heureusement, se félicita-t-il à part soi, qu'ils s'étaient laissé gagner tous les deux par le sommeil et que tous les sang-mêlé ne sont pas aussi verbeux. Hormis cet épisode soporifique, dont il ne garderait qu'une vague réminiscence, il était ravi de son périple.

Il retrouva sa femme tout enchifrenée et affectée d'une fièvre rémittente. Embarrassée, les joues écarlates, elle dut avouer crûment, dans un discours emberlificoté, qu'elle s'était arrogé le droit de ranger ses livres, voire d'en jeter certains, en faisant fi des règles de la taxinomie. "Convaincs-moi que j'ai eu tort", lui dit-elle. Quelque contrarié qu'il fût et quoi qu'il en pensât, il jugea incongru de laisser apparaître son amère déconvenue.

Pour se rasséréner, il décida de faire, plutôt qu'une tournée des grands-ducs, une balade dans le parc d'un château. Il parcourut un mail, bordé de fiers asphodèles, puis des laies ombragées et enfin des sentes resserrées. Il cueillit des helvelles crépues, des cortinaires pourprés, des clavaires cendrées, des hydnes sinués et des hygrophores olivacés. Une rainette verte, qui sautait de feuille en feuille sur des aulnes noirs, chut sur une touffe de raiponces violacées. Peut-être s'était-elle aperçue de sa présence. Des grèbes huppés et des marouettes ponctuées survolèrent les taillis.

Une mésange nonnette sautillait sur un chablis. Des cétoines dorées butinaient des églantines. Un lapereau ou un levraut sillonna le layon. Dans une futaie, Alexandre entrevit soudain un cerf élaphe dont les merrains portaient dix andouillers. Le dix-cors était proche et ses flancs fauves semblaient grelotter ou trembloter. Eût-il rait ou rallé qu'on eût pu l'entendre clairement. Par quelles inénarrables péripéties avait-il échappé à la chasse à courre ? Alexandre l'observa jusqu'à ce qu'il disparût dans les fourrés. Il côtoya une canardière aux eaux rougies par des rhodophycées.

Sur le chemin du retour, Alexandre s'arrêta devant les ruines du château-fort. Les échauguettes, les hourds, les bretèches et les mâchicoulis s'étaient effondrés. Seules subsistaient les murailles et la chapelle gothique. Le portail était remarquable car toutes ses parties avaient été décorées de statues : les voussures de l'archivolte, le tympan, le linteau, le trumeau et même les ébrasements. On devinait encore des reliquats vermeils de fresques dans le narthex. La voûte sur croisée d'ogives, les formerets, les arcs-doubleaux et les arcs-boutants s'étaient joués de l'usure du temps. La prédelle du retable, surmontée d'un phylactère, était finement ciselée.

Cinquième épisode

Le périple d'Alexandre commença en Auvergne où il tint à rendre visite à l'un des derniers buronniers. À la pique du jour, quoique le temps fût incertain, il laissa sa voiture sur la chaussée, franchit malaisément une narse, passa à gué une couze puis emprunta une coursière pour rejoindre, sur les flancs d'un puy, une estive où paissaient, agacées par des taons, des vaches de Salers aux cornes menaçantes. Il atteignit le buron, revêtu de lauzes. Des saint-nectaire(s), mal pliés et couverts d'artisons, trônaient sur le bassoir d'un fenestron. Une chienne étique, qu'on avait fermée dehors, s'étranglait, une arête coincée dans la corgnole. Quoi qu'il en pensât à part soi, cela lui portait peine et il appela à l'aide. On secourut la bête, qui fut fâchée puis coucounée. En badant autour de la jasserie, il imaginait celle-ci balayée en hiver par l'écir glacial et ensevelie sous la neige.

Le voyage d'Alexandre le conduisit ensuite au Gabon. En quittant l'aéroport, il parcourut une avenue tout ombragée par des badamiers et des filaos cyclopéens. Des danseurs à échasses, en pagne de raphia et aux membres enduits d'argile et tachetés de padouk, poudre extraite de la papilionacée éponyme, agitaient des sonnailles au rythme des tam-tams et des balafons. Deux jeunes filles, qui avaient quitté les bancs, vêtues de boubous orange, proposaient aux chalands des taros grillés, des ignames noires, des bédoumes sucrés et d'autres étouffe-chrétien(s), appelés ici des cale-ventre(s). Un boutiquier haoussa vendait des objets en ébène noir(e) et en ivoire végétal, ainsi que des chasse-mouches pour se protéger des mouches tsé-tsé. Au zoo, il chaussa ses lunettes vue-claire pour admirer des loups-peints, des damans des arbres, des cobes des roseaux, des guibs harnachés et des oryctéropes.

Comme tous les ans, Alexandre finit son voyage par le Québec, chez une vieille Outaouaise maganée, ancienne diseuse dont les chansons avaient été endisquées mais qui avait depuis belle lurette renoncé aux appas de la gloire et accroché ses patins. La femme avait de la jasette mais elle avait tendance à rêver en couleurs et à rabâcher, ce qui la rendait achalante malgré sa jarnigoine. Quelle que fût leur envie de sortir, ce n'était pas allable à l'érablière car il commençait à brumasser et, fatigués d'écrapoutir des bébites sur la terrasse, ils s'évachèrent sur les berçantes du vivoir et se mirent à placoter à l'envi en sirotant des diabolos menthe et en grignotant des rôties tartinées de gelée de gadelles noires. Sur la cheminée, deux harfangs naturalisés encadraient une coupe incrustée de jolis lapis-lazuli(s) et un livre relié en maroquin.

(Auteur : Jean-Marc Chevrot)



Lexique des mots et expressions d'Auvergne, de Belgique, du Gabon, d'Île-de-France, du Lyonnais, de Provence, du Québec, de l'Île de la Réunion, de Savoie, de Suisse romande et du Sénégal utilisés dans les "Voyages en Francophonie" (classement alphabétique).

Auvergne :

À la pique du jour, loc. : à l'aube, au petit matin.

Artison, n. m. : ciron (acarien du fromage). On rencontre "artaizon" en Basse-Auvergne.

Bader, v. : flâner en prenant son temps pour regarder ce qui se présente à soi.

Bassoir, n. m. : appui de fenêtre maçonné.

Buron, n. m. : construction maçonnée située en montagne et servant d'habitat temporaire pendant la belle saison pour fabriquer la fourme.

Buronnier, n. m. : personne qui s'occupe du troupeau, de la traite et de la fabrication de la fourme (fromage) dans un buron.

Corgnole, n. f. : gosier, gorge.

Coucouner, v. tr. : dorloter, cajoler, câliner, choyer.

Coursière, n. f. : sentier coupant au plus court, chemin de traverse, raccourci.

Couze, n. f. : nom générique des rivières torrentielles des Monts Dore et du Cézallier.

Écir, n. m. : vent violent et froid du nord ou du nord-ouest qui souffle en tempête et soulève la neige en tourbillons.

Estive, n. f. : pâturage d'été en montagne.

Fâcher, v. tr. : réprimander, gronder.

Fenestron, n. m. : petite ouverture permettant d'éclairer et d'aérer un bâtiment.

Fermer dehors, v. tr. : empêcher de pénétrer dans un lieu clos que l'on a fermé à clé. "Fermer dedans" signifie "enfermer".

Jasserie, n. f. : buron ou hameau pastoral constitué de plusieurs burons (dans les Monts du Forez).

Lauze, n. f. : pierre plate utilisée comme revêtement pour les toitures et dallages. On écrit parfois "lause". Le mot est utilisé des Pyrénées centrales jusqu'à la Savoie.

Narse, n. f. : endroit marécageux.

Plier, v. : envelopper (entourer d'un papier ou d'une étoffe pour protéger ou transporter).

Porter peine, loc. : s'inquiéter, se faire du mauvais sang.

Puy, n. m. : montagne (volcanique le plus souvent).

Saint-nectaire, n. m. : fromage à pâte mi-dure pressée non cuite, fabriqué aux alentours de Saint-Nectaire.

Vache de Salers, ou plus simplement salers (n. f.) : vache de grande taille, à la robe acajou, aux grandes cornes en forme de lyre, appelée aussi "bourrette" à cause de son poil long et bourru, réputée pour sa rusticité et son adaptation au climat rude et au sol pauvre, et pour son aptitude laitière élevée. C'est une excellente mère (ce qui peut la rendre dangereuse). Le berceau de la race est autour de la commune de Salers. Le salers (n. m.) est aussi un fromage.


Belgique :

Agace (ou agasse) : pie.

Aronde : hirondelle.

Aubette : abri à un arrêt d'autobus.

Avant-midi : matinée.

Bourgmestre : maire.

Brette : dispute.

Carte-vue : carte postale.

Cramique : pain au lait et au beurre, garni de raisins de Corinthe.

Drache : forte averse, pluie battante.

Faire le chat : faire l'école buissonnière.

Journal de classe : cahier de textes.

Maroilles (France) : fromage à pâte molle fabriqué en Artois et en Flandre.

Mêle-tout : importun.

Mettre en bouteille : mettre en boîte, se moquer de.

Pistolet : petit pain au lait.

Préfet d'athénée : proviseur de lycée.

Prendre sa pension : prendre sa retraite.

Taiseux : personne taciturne.


Gabon :

Badamier, n. m. : bel arbre de la famille des combretacées, introduit au Gabon pour son ombrage et l'ornementation des jardins et des avenues.

Balafon, n. m. : instrument de musique à percussion qui ressemble à un xylophone et dont la caisse de résonance est constituée de calebasses évidées.

Bédoume, n. m. : sorte de gros beignet de fabrication artisanale.

Boubou, n. m. : vêtement féminin ample porté par les femmes (et aussi long vêtement ample porté surtout par les musulmans du nord).

Cale-ventre, n. m. : plat nourrissant et qui tient au corps.

Cobe des roseaux, n. m. : petit ongulé gris brun avec une rayure verticale foncée sur le devant des pattes et des cornes annelées recourbées vers l'avant (c'est un animal qui ne s'écarte guère de l'eau).

Daman des arbres, n. m. : petit ongulé ayant la taille et la silhouette d'un lapin mais avec des oreilles courtes et arrondies et un pelage assez long et épais. Forestier, il vit en terrier, est excellent grimpeur. Il est caractérisé par son cri nocturne extrêmement fort et prolongé.

Ébène, n. m. : arbre au tronc court, à rameaux grêles et glabres, à croissance très lente. Le bois de cœur, noir, compact et très dur, est recherché pour l'ébénisterie. En français standard, "ébène" est un mot féminin qui désigne le bois de l'ébénier. Le mot ébénier est désuet au Gabon.

Filao, n. m. : grand arbre à tronc droit de la famille des casuarinacées, originaire d'Océanie et introduit au Gabon pour son bois très dense, rouge sombre, et sa croissance rapide.

Guib harnaché, n. m. : antilope qui a l’allure et la taille d’un chevreuil. Les cornes, chez le mâle, carénées en avant, parfois légèrement spiralées, sont noires à pointe claire. La robe est roux vif avec des marques blanches.

Haoussa, n. ou adj. : terme générique désignant tout commerçant originaire de l'Afrique de l’Ouest, quelle que soit sa nationalité ou son ethnie.

Igname, n. f. : plante cultivée (et sauvage) de la famille des dioscoréacées dont les gros tubercules sont consommés cuits et préparés de différentes manières. On distingue localement les tubercules en fonction de la couleur de leur chair : igname blanche, igname rougeâtre, igname violette, igname noire.

Ivoire végétal, n. m. : corozo (matière blanche tirée de la noix d'un palmier).

Loup-peint ou plus simplement loup (n. m.) : lycaon ou cynhyène, canidé au corps svelte, à la tête massive, aux membres élancés, aux grandes oreilles rondes, au pelage marbré de noir, de blanc et de fauve, qui le rend très caractéristique. Il vit et chasse en meute.

Lunettes vue-claire, n. f. pl. : lunettes correctrices, lunettes corrigeant la vue.

Mouches tsé-tsé, n. f. pl. : diverses mouches du genre glossine qui transmettent les trypanosomiases (maladie du sommeil pour les hommes, maladie de la tsé-tsé pour les animaux).

Oryctérope, n. m. : mammifère de la taille d’un porc, à la silhouette massive et voûtée, à la peau gris rose épaisse, au pelage clairsemé gris brun, au museau en groin, aux oreilles en cornet, à la langue vermiforme et gluante. Il est insectivore (il mange surtout des termites) et nocturne. On l'appelle aussi "cochon de terre" ou "fourmilier" (comme le tamanoir d'Amérique).

Padouk, n. m. : Poudre rouge vif servant aux peintures corporelles des cérémonies traditionnelles. Elle est faite à partir du bois et des racines du padouk, grand arbre très commun de la famille des papilionacées dont l’épaisse écorce secrète une résine rouge sombre.

Quitter les bancs, loc. : quitter l'école, abandonner ses études.

Raphia, n. m. : fibres et liens que l'on tire des très longues feuilles du palmier raphia.

Sonnailles, n. f. pl. : instruments de musique traditionnels destinés à souligner le rythme. Ce sont, d’une part, des grelots de fabrication artisanale que les danseurs s’attachent aux poignets, aux chevilles et à la taille, d’autre part également, des sortes de hochets que brandissent les musiciens.

Tam-tam, n. m. : tambour africain. Une ou deux peaux sont tendues sur une caisse de résonance, généralement en bois. Il existe une grande diversité d’instruments portant ce nom.

Taro, n. m. : plante herbacée cultivée pour ses tubercules et ses griffes comestibles qui sont consommés cuits à l’eau ou grillés (on écrit parfois "tarot").


Île-de-France :

Marchand de couleurs : droguiste

Lyonnais :

Bugne : sorte de beignet à pâte fine, tortillé et frit dans l'huile (même étymologie que beignet).

Dent-de-lion (dents-de-lion au pluriel) : pissenlit.

Gone : gamin, enfant (étymologie : mot signifiant "mal vêtu" en franco-provençal).

Mâchon : repas (étymologie : mâcher).

Matefaim : crêpe très épaisse et salée (étymologie : qui mate la faim).

Traboule : passage piétonnier entre deux rues (étymologie : mot latin : transambulare).


Provence :

Blaguer : parler, bavarder.

Bouléguer : bouger, se déplacer.

Cabanon : petite résidence secondaire.

Chichi : beignet.

Cougourde : citrouille.

Escagasser : agacer.

Esquichés comme des anchois : serrés comme des sardines.

Félibre : écrivain, poète de langue d'oc.

Gardian : gardien de troupeau à cheval.

Goustaron : casse-croûte.

Lagremuse : petit lézard gris.

Mas : maison typique du Midi de la France.

Pan bagnat (Nice) : petit pain rond dont l'intérieur est garni d'une salade niçoise.

Pastis : boisson alcoolisée aromatisée à l'anis.

Soleiller : s'offrir au soleil.

Taster : goûter.


Québec :

À la brunante : au crépuscule, à la tombée de la nuit.

Achalant, adj. : énervant, irritant, déplaisant.

Accrocher ses patins, loc. (au sens figuré) : mettre fin à sa carrière, prendre sa retraite.

Achalant : agaçant, irritant.

Aiguise-crayon : taille-crayon.

Avoir de la jasette, loc. : avoir du bagou, être volubile.

Babillard : tableau d'affichage.

Banc de neige : congère.

Barguigner (ou barguiner) : marchander ("sans barguigner" signifie aussi "sans hésiter").

Barrer : fermer à clé, verrouiller (on bloquait autrefois les portes des maisons avec une barre).

Bébite, n. f. : insecte. On dit aussi "bebite", "bibite" ou "bibitte".

Berçante, n. f. : siège à bascule (chaise ou fauteuil). On dit aussi "berceuse".

Beurrée : tartine de pain recouverte de beurre et de confiture, de miel...

Binerie : restaurant populaire dont la nourriture est bon marché.

Bleuetière (prononciation : bleu - e – tière) : terrain ou abondent les bleuets (myrtilles).

Breuvage : boisson non alcoolisée.

Broche à linge : pince à linge.

Brumasser, v. : bruiner.

Caller l'orignal : imiter le cri de l'élan femelle pour attirer un mâle (dont la chasse est autorisée).

Ce n'est pas allable à, loc. : on ne peut pas aller à (en raison des difficultés d'accès par exemple).

Centre d'achats : centre commercial.

Chambrer : louer une chambre meublée dans une maison privée.

Chandail : gros tricot de laine, pull-over.

Char (fam.) : automobile.

Charrue à neige : chasse-neige.

Chauffer (fam.) : conduire un véhicule automobile.

Claques : couvre-chaussures imperméables en caoutchouc.

Croire (se) : avoir une idée trop flatteuse de soi-même.

Désâmer (se) : faire beaucoup d'efforts.

Dîner : déjeuner (prendre le repas de midi).

Diseuse, n. f. : chanteuse qui interprétait des chansons poétiques sur un ton déclamatoire.

Dispendieux : cher, coûteux, onéreux.

Douillette : couette, édredon.

Écarter (s’) : s'égarer, se perdre.

Écrapoutir, v. : écraser.

Efface : gomme.

Emboucanée : enfumée.

Endisquer, v. : enregistrer sur disque.

Engagée (fam.) : occupée (ligne téléphonique).

Épinette : épicéa.

Érablière, n. f. : plantation d'érables (notamment d'érables à sucre), cabane à sucre.

Évacher (s’), v. : s'affaler, se vautrer.

Fèves au lard : haricots sec cuits au four avec du lard salé, de la mélasse et des épices.

Fournaise (fam.) : appareil de chauffage.

Gadelle noire, n. f. : cassis (gadelle : groseille).

Garrocher (se) vers : se précipiter vers.

Garrot : canard plongeur.

Gars de bois : homme qui aime la forêt, la chasse et la pêche.

Gaz (fam., abréviation de gazoline) : essence.

Harfang (des neiges), n. m. : chouette blanche des régions arctiques. Le harfang des neiges est l'emblème aviaire officiel du Québec.

Heure des travaillants : heure de pointe.

Hiver des corneilles : chute de neige abondante au printemps.

Jarnigoine, n. f. : intelligence, bon sens.

Jaser : parler longuement et familièrement avec quelqu'un, bavarder, converser.

Lumière rouge : feu rouge.

Magané, adj. : fatigué, malade.

Magasiner : faire des emplettes, faire du lèche-vitrines.

Malle : coffre.

Mettre aux vidanges : jeter (vidanges = ordures ménagères).

Niaiseux : imbécile, idiot.

Noirceur : obscurité.

Outaouais, n. et adj. : de la région de l'Outaouais (signifie également "de la ville d'Ottawa").

Passerin indigo : petit passereau d'Amérique du Nord.

Pipit d'Amérique : idem.

Placoter, v. : bavarder, commérer.

Poucer : faire du pouce, c'est-à-dire de l'auto-stop.

Rêver en couleurs, loc. : se faire des illusions.

Rôtie, n. f. : tranche de pain grillé. Le mot est également utilisé dans l'ouest de la France.

Salle à dîner : salle à manger.

Sirop de poteau : mauvais ou faux sirop d'érable (fabriqué avec de la cassonade).

Souper : dîner (prendre le repas du soir).

Sous-marin : sandwich fait avec un petit pain allongé ou un morceau de baguette.

Suisse ou tamia : petit écureuil roussâtre au pelage rayé.

Traversier : transbordeur, bac.

Vivoir, n. m. : salle de séjour, salon. Terme un peu désuet.


Île de la Réunion :

Asseoir (s’) au manger : se mettre à table.

Avalasse (ou avalace) : inondation violente causée par des pluies torrentielles.

Avocatier marron : arbuste considéré comme une "peste végétale" (plante mettant en danger l'équilibre d'un écosystème fragile).

Barreau : portail (d'une cour).

Bassin : étendue d'eau profonde dans une ravine ou au pied d'une cascade.

Battre la boule : jouer au football de manière informelle (enfants).

Brèdes : feuilles comestibles.

Cabossé : défoncé (pour un chemin, une route).

Cacailler : caqueter.

Cafre, Cafrine : Réunionnais(e) d'origine africaine.

Cari : plat qui accompagne le riz, composé de viande ou de poisson, de légumes, d'oignons, d'ail, de tomates. Le cari est à la Réunion, ce que le bifteck-frites est à la métropole.

Case : maison.

Chouchou : plante cultivée fournissant des feuilles comestibles (brèdes), des fruits (sortes de courges appelées chayottes ou chouchoutes) et de la paille utilisée en vannerie.

Cirque : vaste dépression semi-circulaire résultant de l'effondrement d'un cône volcanique.

Graffiner : égratigner.

Hivernage : Saison chaude et pluvieuse qui rend les rivières torrentueuses.

Îlet : petit plateau, dominant parfois des ravines de plusieurs centaines de mètres.

Letchi : litchi (grand arbre produisant des grappes de fruits rose framboise vif, au goût de raisin muscat, portant le même nom).

Longani : longane (arbre produisant des grappes de petits fruits à la peau jaune verdâtre, à saveur prononcée, portant le même nom).

Louquer : regarder à la dérobée (même étymologie que reluquer).

Mangue (n. f.) : fruit du manguier.

Margouillat : variété de gecko vivant dans les maisons.

Marmaille (n. m. ou f.) : enfant, écolier, adolescent (en métropole, ce nom désigne un groupe de jeunes enfants nombreux et bruyants).

Marron, marronne (adj.) : sauvage (pour une plante ou un animal).

Palmiste : nom générique de quatre palmiers indigènes. Le chou (bourgeon terminal) du palmiste constitue un mets très recherché.

Ravine : torrent, lit raviné d'un torrent ou d'une avalasse.

Sabouler (ou chabouler) : lancer des pierres sur des fruits (notamment des mangues lorsqu'elles sont au sommet de l'arbre) pour les faire tomber.

Taquer : fermer (une ouverture d'une maison).

Varangue : véranda.


Savoie et Suisse romande :

Bobet : nigaud, niais.

Bourru : jus de raisin frais en cours de fermentation.

Carrousel : manège forain (même étymologie italienne que le carrousel équestre).

Caquelon : Poêlon en fonte émaillée, utilisé en particulier pour préparer la fondue.

Cheneau (n. f.) : gouttière (prononciation : ch'no). Ce mot a donné en français parisien chéneau (qui est masculin).

Clopet : somme, courte sieste, roupillon.

Cornet : sac d'emballage en papier (ou en plastique).

Crozets (Savoie) : petites pâtes, fabriquées à partir de farine de blé tendre et de farine de sarrasin.

Cupesser : faire la cupesse, c'est-à-dire la culbute.

Défaire (se) : enlever son manteau, se mettre à l'aise.

Diot (Savoie) : petite saucisse aux choux (prononciation : son o fermé, comme dans dos).

Ébriquer : casser.

Encoubler (s’) : trébucher sur un obstacle ou encouble (couble : fascine de gros bois qui sert de frein au traîneau).

Fayard (ou foyard) : hêtre.

Féra (n. f.) : poisson renommé du lac Léman.

Foehn : vent du sud chaud et sec (prononciation : son eu fermé (comme dans peu).

Frouiller : tricher.

Golée : gorgée (du latin gula).

Gouille : flaque d'eau.

Greubons : petits résidus solides de la fonte du lard.

Joran : vent d'orage soudain et violent qui souffle du nord-ouest sur le lac Léman.

Longeole (Savoie et Genève) : saucisse faite avec des tripes, de la chair et de la couenne de porc, parfumée au cumin (prononciation : comme geôle).

Manoille (prononciation : comme boy) : poignée d´un ustensile, anse d´un pot ou d´une tasse (du latin manualis).

Mollachon (ou mollachu) : mou, sans énergie.

Nilles : articulations des doigts (prononciation : comme filles).

Panosser : nettoyer avec une panosse (serpillière, étymologie : mot latin : panucia).

Péclet : loquet (d'une porte).

Pitater : marcher rapidement et beaucoup.

Pive : cône d'épicéa, de sapin, ou d'autres conifères (du latin pipa).

Polente (Savoie – prononciation : polinte) : semoule de maïs cuite dans un bouillon (de l'italien polenta).

Rampon : doucette, mâche.

Rapicoler : ravigoter, redonner de la force.

Régent : maître d'école.

Rissole : petit chausson garni d´une farce sucrée aux poires avec raisins et épices.

Roiller : pleuvoir à verse (prononciation : ro - yer avec un son o ouvert comme dans bol).

Septante : soixante-dix.

Souper : dîner.

Tâcher moyen : faire en sorte de.

Vigousse : vigoureux.

Vogue : fête annuelle d'un village (même étymologie germanique que voguer).


Sénégal :

Boubou (mot malinké) : longue tunique ample.

Bœuf à bosse : zébu.

Broussard : campagnard.

Caravaniers : personnes qui déambulent en groupe (touristes notamment).

Causeur : conférencier.

Conférenciers : auditeurs.

Gargote : petit restaurant.

Golo : pitre, clown (le golo est le singe des contes traditionnels).

Gouvernance : bâtiment des services administratifs (d'une région).

Lampion : dispositif lumineux placé sur le toit des taxis.

Librairie par terre : étalage de livres disposés sur le sol pour la vente.

Marchand de table : marchand dont l'étalage se réduit à une table (souvent une simple caisse) placée dans la rue.


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