Christine TAGLIANTE

Service des certifications en Français Langue Étrangère, Commission nationale du Diplôme d'Étude en Langue Française (DELF) et du Diplôme Approfondi de Langue Française (DALF), Centre International d'Études Pédagogiques (CIEP), SEVRES


Mon intervention n'est pas exactement liée au français des affaires, mais plutôt au français langue étrangère.

Je voudrais vous présenter les diplômes qui ont été créés, il y a douze ans maintenant, en 1985, par le Ministère de l'Éducation nationale pour certifier les compétences en français des étrangers. Je pense que les jeunes qui sont là-bas en ont sans doute entendu parler. Ce sont des diplômes qui sont très peu connus du grand public en France mais qui sont incontournables à l'étranger. À titre d'exemple, je vais vous montrer l'évolution de ces diplômes, cette évolution absolument vertigineuse en l'espace de 10 ans. De 1986, date de la première session d'examens à l'étranger qui a eu lieu dans un pays voisin (pays pilote), le Maroc et 1996, l'année dernière, où 114 pays dans le monde proposent ces certifications à leur public. À l'heure actuelle, il y a à peu près 160 000 inscriptions chaque année.

Le ministère a créé ces diplômes en 1985 parce qu'il n'y avait pas de diplôme officiel de français langue étrangère pour les étrangers, qui puisse être considéré comme étant reconnu à un niveau international, un peu comme l'est le TOEFL pour l'anglais et il y avait des quantités de diplômes, mais c'était des diplôme locaux, des diplômes différents, suivant les institutions, qui ne pouvaient pas prétendre être reconnus dans d'autres pays que le pays où le candidat avait obtenu ce diplôme. C'était donc une nécessité de créer un diplôme officiel, et on a vu que cela correspondait également à une demande à l'étranger. Il y a trois diplômes, deux Diplômes d'Études en Langue Française, le DELF, et le Diplôme Approfondi de Langue Française, le DALF. Le DALF est un diplôme de niveau réellement supérieur, très élevé, qui dispense tous ses titulaires de tous les tests linguistiques d'entrée dans les universités françaises et dans certaines universités francophones, au Québec par exemple. Donc on certifie par le DALF, aux universités françaises et francophones, qu'elles vont recevoir des étudiants qui n'ont strictement aucun problème linguistique, et qui possèdent des savoir-faire de type pré-universitaire avant d'entrer en université. Ces trois diplômes ont été conçus par une équipe de chercheurs universitaires qui s'est inspirée largement des travaux de la section langues vivantes du Conseil de l'Europe.

Vous allez voir, dans le bref descriptif des épreuves que je vais vous faire, qu'il s'agit d'unités capitalisables, donc d'unités que les apprenants en langues peuvent grappiller les unes après les autres, au fur et à mesure de leur apprentissage. C'est un avantage certain lorsqu'on apprend une langue que de pouvoir valoriser tout de suite des apprentissages assez courts.

Le DELF premier degré comporte 4 unités, qui représentent chacune 100 heures d'apprentissage, qui ont chacune un objectif différent qui suit pas à pas l'apprentissage, il s'agit ici, non pas de français des affaires, mais de français langue générale. Lorsqu'on passe au DELF second degré, il y a deux nouvelles unités que le candidat peut présenter dans l'ordre qu'il souhaite, où l'on introduit une langue qu'on appelle de spécialité. Je mets cette langue de spécialité un peu entre guillemets, elle est de spécialité dans quatre grands domaines, sciences humaines et sociales, sciences de la vie, mathématiques et sciences de la matière, sciences économiques et juridiques. Je vais revenir sur ces spécialités par la suite puisqu'il est possible que nous rejoignions le français des affaires par le biais des spécialités du DELF 2eme degré ou, comme on va le voir du DALF.

Lorsque le candidat a obtenu ses 6 unités, il a appris le français pendant au minimum 600 heures, c'est-à-dire qu'il a un niveau qui correspond à un niveau d'autonomie, il est capable de se débrouiller et de comprendre dans beaucoup de situations. On considère d'ailleurs généralement que lorsqu'il est titulaire de ce second niveau du DELF, il a pratiquement terminé son apprentissage des structures de la langue française, ensuite il passera en perfectionnement linguistique parce qu'on ne termine jamais d'apprendre. Il pourra à ce moment-là aborder, s'il le souhaite, le DALF qui a une particularité, c'est qu'il est possible d'y accéder directement, sans présenter toutes les unités du DELF, à condition de considérer d'abord qu'on a le niveau et de présenter un test d'accès. Dans le DALF il y a quatre unités capitalisables et deux de ces unités sont en français langue générale, mais les deux suivantes sont en français langue de spécialité, toujours dans les quatre domaines que j'ai cités tout à l'heure et le candidat choisit son domaine de spécialité au moment de son inscription en fonction de ce qu'on lui propose dans le centre d'examen. Ces domaines de spécialité varient relativement d'un pays à l'autre, car certains pays ont des publics plus spécifiques qui demandent des domaines plus particuliers. Je pense par exemple à un domaine, l'architecture, qui existe dans certains pays où il y a un public de futurs architectes qui ont besoin d'avoir un diplôme parce que la mention du domaine de spécialité peut apparaître sur les diplômes. Donc de futurs architectes valorisent leur diplôme par le fait qu'ils l'ont passé dans la spécialité architecture, d'autres proposent des domaines comme art, littérature, etc.

Il y a deux ans, le Ministère des Affaires étrangères a lancé près des postes à l'étranger une enquête sur le DELF et le DALF, pour faire le bilan de dix ans de fonctionnement. Les résultats de cette enquête ont fait apparaître que les postes demandent qu'une réflexion soit engagée sur des diplômes qui intégreraient dans les domaines de spécialité, soit la communication professionnelle, soit le monde de l'entreprise. Certains pays ont déjà engagé la réflexion, par exemple aux États-Unis, il existe un DALF pour ingénieur, génie civil, électrique, acoustique, etc. Et dans d'autres pays comme la Hongrie, des épreuves dont le vocabulaire et les centres d'intérêt sont spécifiques au monde de l'entreprise ont déjà été proposées au niveau du DELF 1er degré. Si le DELF 1er degré a beaucoup de candidats, on s'aperçoit qu'en DELF second degré, la motivation est peut-être moindre et qu'en revanche pour le DALF les chiffres remontent parce que le DALF est un diplôme qui a une valeur sur le marché du travail. Cette réflexion est engagée, nous pensons la mener dans le courant de cette année et peut-être l'année suivante avec l'appui des différents partenaires qui souhaiteront s'engager avec nous dans cette réflexion.

Merci.

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