Étymologie du mot GRÈVE (droit du travail) : ancien nom d'une place de Paris.

L'actuelle "place de l'Hôtel-de-Ville" fut appelée jusqu'en 1830 "la place de Grève" ou "la Grève". Elle descendait alors en pente douce jusqu'au bord de la Seine, d'où son nom de "grève" (rivage de sable ou de gravier), forme moderne du mot latin populaire, d'origine gauloise, "grava". C'était, sous l'Ancien Régime, le lieu d'exécution des condamnés à mort. Il s'y donnait également des fêtes populaires (feu de la Saint-Jean).

Les ouvriers sans travail se réunissaient sur la place de Grève, sous les galeries formées par les piliers des maisons. C'est là que les entrepreneurs venaient les embaucher. "Faire grève", "être en grève", c'était donc se tenir sur la place de Grève en attendant de l'ouvrage, suivant l'habitude de plusieurs corps de métiers parisiens, ou plus généralement "chercher du travail".

Quand les ouvriers, mécontents de leur salaire, refusaient de travailler à ces conditions, ils se "mettaient en grève", c'est-à-dire qu'ils retournaient sur la place de Grève en attendant qu'on vienne leur faire de meilleures propositions. "Faire grève" et "se mettre en grève" ont fini par prendre le sens d'abandonner le travail pour obtenir une augmentation de salaire.

Le mot "grève" a été finalement retenu pour désigner la cessation volontaire, collective et concertée du travail par les salariés afin d'exercer une pression sur le chef d'entreprise ou les pouvoirs publics (ce qui est devenu licite après l'abolition du délit de coalition en 1864). Par extension de ce dernier sens, on l'utilise actuellement même en dehors du droit du travail pour désigner toute cessation d'activité dans un but revendicatif (grève de la faim par exemple).

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