FRANCOPHONIE : UN JOUR, UN MOT



Surréservation pour « surbooking »

À l'occasion de la semaine de la langue française et de la francophonie (17 au 26 mars). La Rep' s'associe à l'APFA (Action pour promouvoir le français des affaires) et son président Jean-Marcel Lauginie. Celui-ci propose chaque jour de cette semaine un mot à utiliser à la place d'un terme anglais, usité dans la « langue économique », assorti d'un petit commentaire.

Ch.B.


Le « surbooking » a pris son envol avec le tourisme de masse. Ni français ni anglais, c'est du franglais où la construction non maîtrisée a entraîné des dérives de sens. Il se répand dans la vie quotidienne, au travail, à la maison, sur la toile ; des personnes se disent même « over surbookées », façon de rappeler l'anglais de référence « overbooking » traité en 1989 au Journal Officiel, avec un équivalent heureux surréservation défini ainsi : « Action de réserver des places en nombre plus important que celui des places offertes ». L'abus du franglais devient alors flagrant : un client « surbooké », qui fait ses achats à la course (le « run shopping » anglais), n'est pas surréservé, mais simplement pressé ou débordé ! L'emploi juste de surréservation a valu à Audrey Pul-var, présentatrice du journal à France 3, de recevoir, en novembre 2005, la distinction du Mot d'Or. Passeurs de mots, les journalistes permettent ainsi une communication claire devenue encore plus indispensable, dans le cas présent, après le règlement européen de la surréservation de 2005.

Jean-Marcel Lauginie.

(La République du Centre, 20 mars 2006)


Sur les frigos, aimantin au lieu de « magnet's »

À l'occasion de la Semaine de la francophonie, par ailleurs thème du Salon du livre à Paris, La Rep' vous propose chaque jour avec l'APFA (Actions pour promouvoir le français des affaires), un mot français pouvant remplacer du franglais. Aujourd'hui, « aimantin ».

Après le déferlement des « pin's », ce fut l'arrivée des « magnet's », toujours présents sur les portes de réfrigérateurs et autres équipements de cuisine. L' « 's » permettait de débusquer en eux des intrus. L'anglais « pin » qui signifie épingle, a conduit naturellement pour « pin's » à épinglette, « insigne à motifs variés » (commission générale de terminologie en 1991).

Par analogie, que fallait-il retenir pour « magnet's »  ? Le passage par l'anglais « magnet » donnait aimant, ou plutôt petit aimant, en raison de la taille de cet « objet décoratif aimanté ».

L'invention, en 1993, par François Souris, directeur du service de presse dans une multinationale, du néologisme aimantin a permis de répondre au souci de tout terminologue de faire court. Son officialisation en 1998 fait revivre en tant que nom, l'adjectif aimantin(e) rencontré dans des textes littéraires dès le 16e siècle, mais employé dans un sens différent, celui de dureté, telle celle du diamant.

On comprend, avec une si heureuse appellation, que les aimantins soient aimés et continuent à fleurir dans les maisons pour le plus grand bonheur des yeux.

Jean-Marcel Lauginie.

(La République du Centre, 21 mars 2006)


Sur la toile, en ligne au lieu de « e-... »

À l'occasion de la Semaine de la francophonie, par ailleurs thème du Salon du livre à Paris, « La République du Centre » vous propose chaque jour avec l'APFA (Actions pour promouvoir le français des affaires), un mot français pouvant remplacer du franglais. Aujourd'hui, « en ligne ».

L'essor des échanges sur la toile a entraîné celui du préfixe « e-... » (pour « electronic ») à tel point qu'il pouvait s'écrire et se prononcer de différentes façons : « e », « é » ou « i ». Il suffisait de puiser dans la richesse de la langue française poury voir clair. En 1997 au Québec, c'est l'ensemble de l'expression qui est traitée avec l'« e-mail » laissant la place au courriel (voir La République du Centre du 17 mars 2005). Les terminologues informaticiens, dès 1981, avaient retenu en ligne pour le « on-line » afin de décrire « un matériel en relation directe avec un autre ».

En ligne allait s'émanciper pour donner en 2000 le commerce en ligne (le « e-commerce »), avant de devenir en 2002 la clé de tous les autres « e-... ». Le piège de la traduction littérale était évité, un « e-client » n'étant pas un client électronique mais en ligne !

Est aussi encouragé l'emploi de télé (à distance) déjà apparu en 1993 pour télémercatique (« télémarketing »). Le préfixe cyber, présent dans cybercafé, est une autre façon d'exprimer ces aspects de la vie en société à l'époque de la mondialisation où, être en ligne, ne signifie pas être aligné !

Jean-Marcel Lauginie.

(La République du Centre, 22 mars 2006)


Mercaticien(ne) pour « marketing expert, marketer »

Dans le cadre de la Semaine de la francophonie, nous nous penchons aujourd'hui sur le marché et sa terminologie.

Le génie de la langue française nous a offert le suffixe « ique » pour nommer les sciences et les techniques, de la physique à l'informatique en passant par... la mercatique (La Rep' des 19 et 20 mars 2005). Dans la foulée, il nous a donné l'heureux suffixe « cien(ne) » pour former les dérivés : physicien(ne), informaticien(ne) et mercaticien(ne) pour « le spécialiste de la mercatique » (Journal Officiel du 2 avril 1987), terme proposé dès 1970 par Jean Fourastié et François Perroux.

Plus court que l'anglais « marketing expert », il convient également pour traiter le nouvel arrivant des années 2000, le « marketer », mais uniquement lorsqu'il s'agit bien d'un spécialiste de la mercatique ; sinon, et c'est le cas le plus courant, vendeur est le mot juste : voici encore une nouvelle illustration de la précision du français. Les autres langues ne sont pas en reste : mercaticien(ne) a fait école avec, par exemple, mercadicista en portugais, markadssérfraedingur en islandais, et piacelemzô en hongrois. Richesse d'une francophonie ouverte, avec bonheur, aux autres cultures.

Jean-Marcel Lauginie.

(La République du Centre, 23 mars 2006)


Sport : le mot mentor au lieu de « coach »

Cinquième et dernier mot de cette série 2006, consacrée au franglais, pour franchir la ligne d'arrivée de cette semaine francophone, un terme sportif. C'est sans doute dans cette discipline que se glissent le plus souvent des mots d'origine anglaise. Surprise avec « coach »...

« Coach » par son origine (du français coche, diligence) était voué aux voyages, d'abord dans son propre domaine avec, par exemple, en 1990 le coche de plaisance (« house boat »). Voyage sur terre et sur eau, mais aussi voyage à travers les autres activités. En abordant l'éducation, la tenue de la langue continue à s'imposer : ainsi, on a parlé de répétiteur, puis de tuteur pour « coach ». Dans les années 80, les terrains de sport accueillent le « coach » qui devient l'entraîneur en 1988. En s'aventurant en novembre 1993 dans le champ économique, au début à un rythme lent qui s'accélère à partir de 1997/98, « coach » paraissait impossible à maîtriser. Homère avec son héros Mentor devenu, par le subterfuge d'Athéna, celui qui éduque, fut le sauveur des terminologues. La transposition à l'entreprise en 2004 allait de soi : « cadre chargé d'améliorer les compétences et la réussite professionnelle d'un individu ou d'une équipe ». Le « coaching » devenait le mentorat et le poulain, gambadant chez nous depuis un petit millénaire, celui qui bénéficie de l'aide du mentor (« mentee »).

Jean-Marcel Lauginie.

(La République du Centre, 24 mars 2006)


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