Forum mondial de la langue française - Québec 2012

Centre des congrès de Québec (5 juillet 2012) - Atelier d’initiation sur le thème des références culturelles : "Dictées et contes terminologiques"

Quelques photos de l'atelier



La salle pendant la "Dictée des mers du sud".




La salle pendant la "Dictée des mers du sud" : on aperçoit dans l'assistance Roberto Rodrigues de Souza, ancien Secrétaire de la Fédération brésilienne des professeurs de français.




La salle pendant la "Dictée des mers du sud".




La salle pendant la "Dictée des mers du sud".




La salle pendant la "Dictée des mers du sud" par Daniel Miroux, créateur de la dictée et Président de l'Alliance Champlain de Nouméa.

Sujet proposé par Daniel MIROUX, Président de l'Alliance Champlain de Nouméa : la Dictée des mers du sud.

1ère partie : la dictée

Ce matin, Obaréna, qui vient d’avoir son mastère en mercatique, entame sa première journée de stage au marché de Nouméa. Elle doit réaliser une étude afin d’optimiser les relations vendeurs-acheteurs en s’appuyant sur les normes de commercialisation. Levée très tôt, elle se prépare rapidement en s’habillant d’un joli paréo aux couleurs vives tout en s’enduisant les cheveux de monoï. Avant de partir, elle se fait une inhalation d’essence de niaouli pour calmer ses maux de gorge. Sa maison entourée de pins colonnaires et de bouraos est, heureusement, juste en face de l’arrêt du bus qui va l’amener au marché. Elle n’a pas oublié son portemonnaie fait en tapa. Tout est prêt pour cette importante journée. Son stage consistera à analyser la réactivité des clients face à la présentation des produits du terroir et de ceux du lagon. Ses études de future responsable de la mercatique et de la communication, qu’elle a suivies à l’université du Pacifique, lui seront très utiles.

Arrivée au marché, c’est la préparation des étals. Elle commence par observer la présentation des légumes et des fruits : ignames, taros et manioc d’un côté, corossols, letchis et bananes-poingos de l’autre côté sont déjà bien alignés prêts à être achetés par les consommateurs. Puis, elle se rend dans la salle des produits de la mer : les crabes de cocotier sont déjà bien en place tout comme les trocas et les bénitiers. Les poissons sont aussi à l’honneur : becs de cane, bonites, picots et tazards sont prêts à attirer la convoitise des acheteurs.

Obaréna prend de nombreuses notes afin d’établir une liste d’améliorations à apporter. Les clients commencent à affluer. En tant que mercaticienne, elle en questionne au fil de ses allers et venues en respectant un échantillonnage préparé à l’avance. L’ambiance du marché est chaleureuse grâce à un fond musical de kanéka et de musique tahitienne qu’un groupe de musiciens distille à l’aide de guitares et d’ukulélés.

Malgré ses craintes, la matinée se passe bien. La jeune diplômée a analysé avec perspicacité et acuité la situation ce qui devrait lui permettre de rendre un rapport de stage à la hauteur de ses aspirations.

2ème partie : question

Quels sont les trois néologismes (termes, c’est-à-dire mots ou groupes de mots, nouveaux et termes anciens employés dans un sens nouveau) qui vous paraissent relever du français des affaires : mercatique et action commerciale, commerce (d’articles de sport par exemple), hôtellerie-tourisme, gestion, économie d’entreprise, économie générale, informatique et Internet, qui ont votre préférence (néologismes déjà présents dans la langue française ou que vous aimeriez voir apparaître) ? Pourquoi ?

Sujet proposé par Jean Marcel LAUGINIE, Président de l'APFA : contes et dictées de Jean-Marc Chevrot (au choix) : 15 contes + 10 dictées pour les 25 ans des Mots d’Or, le compte est bon

1ère partie. Début des contes terminologiques : recherche des néologismes.

Soulignez, dans les extraits de contes suivants, les néologismes (termes, c’est-à-dire mots ou groupes de mots, nouveaux et termes anciens employés dans un sens nouveau) qui vous paraissent relever du français des affaires : mercatique et action commerciale, commerce (d’articles de sport par exemple), hôtellerie-tourisme, gestion, économie d’entreprise, économie générale, informatique et Internet, etc.

« Il était une fois… »

Conte n° 1 (au siècle dernier)

Océane croisa l’équipe de nuit d’entretien dans l’escalier mécanique. Elle sortait d’une réunion d’information du directeur général, avec tableau de papier et tablette de rétroprojection, à laquelle elle avait assisté comme chef de produit. Il y avait un dysfonctionnement du moteur, ou peut-être un bogue de la mémoire morte, d’un télécopieur de haute technicité qu’on venait de lancer sur le marché suédois après une campagne de mercatique télévisuelle.

Conte n° 2 (toujours au siècle dernier)

C’est à la fin de la réunion préparatoire, en sirotant une boisson légère au bar, que Valentin annonça la nouvelle en primeur : nous allions pouvoir bientôt jouer les discompteurs et mettre sur le marché des milliers de vélos tout-terrain avec une présentation haut de gamme, qui allait devenir impérative pour être à la mode, à un prix imbattable sans recourir à la vente à perte ou à la vente agressive.

Conte n° 3 (au début du 3e millénaire)

Léana se déconnecta de son prestataire d’accès et lut hors connexion les messages de deux de ses clients, un conseiller en organisation et un stylicien, ferma son navigateur et lança une sauvegarde de son disque dur car sa base de données de clients avait une importance vitale.

Conte n° 4

La causerie télévisée était menée en direct par une animatrice de charme. Lorsqu’elle passa la parole à Bertrand et qu’on braqua sur lui les projecteurs, il éclata d’un rire sonore qui était son indicatif et qui fit sursauter l’opérateur de prise de vues. Ce rire le faisait passer pour un peu loufoque. Au risque de paraître un homme fini, il fit une rétrospective de sa carrière.

Conte n° 5

Autodidacte, Joëlle avait commencé par un emploi d’aide de caisse et continué dans le démarchage téléphonique avant de devenir vendeuse de produits de technique de pointe, métier qu’elle avait appris sur le tas. Fatiguée de la vente agressive, de la vente à l’arraché et du barattage commercial imposés par le chef de vente, elle s’était ensuite occupée du marchandisage dans un magasin de discompte.

Conte n° 6

Grâce à sa compétence de mercaticienne et à sa culture d’entreprise, Juliette était devenue directrice commerciale d’une société de franchisage de produits de luxe, numéro un dans son domaine. Elle avait entrepris une tournée de présentation pour expliquer aux franchisés les nouvelles techniques de mercatique relationnelle que la société mettait en œuvre.

Conte n° 7

Autodidacte et homme d’affaires habile, très à l’écoute du marché, Clément venait de conclure un excellent accord de partenariat portant sur la cocommercialisation et l’alliance de marques avec son concurrent le plus agressif. Sans aller jusqu’à la coentreprise, il espérait éviter ainsi le recours au maxidiscompte et à la vente à perte et améliorer sa capacité d’autofinancement.

Conte n° 8

Floriane s’installa au volant. Après avoir verrouillé les portes par crainte de la piraterie routière et allumé son autoradio, elle régla l’équilibreur des haut-parleurs avant et arrière. On diffusait un florilège de son chanteur de charme préféré. Elle sortait de la réception donnée par le grand patron pour son départ de la société. Il n’était pas à plaindre avec les options sur titres et la prime de départ qu’il s’était fait attribuer.

Conte n° 9

Arthur était un autodidacte. Il n’avait jamais fréquenté d’école de commerce mais il avait gravi les échelons dans le service de clientèle de l’entreprise et sa compétence de mercaticien capable de stimuler les ventes était reconnue. Son travail était de s’occuper de la vente directe. Il avait mis en place dans la société les techniques du publipostage, du démarchage téléphonique et même de l’arrosage publicitaire pour atteindre le maximum d’acheteurs potentiels. C’était la base du plan mercatique de la maison.

Conte n° 10

Olivia, jeune femme d’affaires élégante et détendue, sortait d’une réunion de bilan qui s’était transformée en séance de remue-méninges. La file d’attente à la banque au volant, où elle voulait donner des ordres de virement, la convainquit de recourir ultérieurement à la banque à domicile. Elle entra dans une galerie marchande où se pratiquaient la théâtralisation commerciale et la mercatique olfactive. L’achat récréatif ne lui déplaisait pas. Dans un grill, animé par le récital d’un vieux rockeur oublié auquel on offrait enfin un retour professionnel, elle demanda un repas rapide. La serveuse lui apporta des grillades mélangées accompagnées de variantes, de rouleaux de harengs et d’une boisson sans alcool.

Conte n° 11

Bruno, directeur de la mercatique d’un fabricant d’appareils électroménagers, quitta le salon professionnel qu’il venait de visiter et se dirigea vers un centre automobile pour faire le plein de biogazole, acheter un éthylomètre et faire vérifier ses sacs gonflables et son ABS (antiblocage de sécurité). Il était devenu très prudent depuis qu’un aquaplanage avait failli lui faire renverser un motard.

Conte n° 12

Amandine décida de s’accorder une pause pendant le déjeuner qu’elle remplaçait souvent par du grignotage. Elle enfila un chandail et un pantalon de survêtement, se coiffa d’un baladeur et se mit à trottiner en écoutant un florilège des derniers tubes. Elle croisa un motard qui avait réussi dans les métiers du spectacle. Elle pensa alors que le moment était venu de créer sa propre entreprise.

Conte n° 13

Arrivé tardivement à l’enregistrement et victime de la surréservation sur les lignes aériennes, Quentin avait raté son avion. Il dut attendre le décollage du suivant en travaillant avec son miniportable dans la salle d’embarquement. C’était une zone d’accès sans fil à Internet. Il put se connecter à Internet et reprendre sa participation, à l’aide d’un logiciel de groupe de travail, à la mise au point d’une action de bouche à oreille électronique et de mercatique de communauté, avec comme groupe cible les écologistes accros d’Internet. Un logiciel malveillant, sans doute récolté sur un site de réseautage social, interrompit son travail. Il maudit le pirate qui en était l’auteur. Il se félicita d’avoir fait une sauvegarde de son disque dur.

Conte n° 14

Venue dans la capitale pour un salon professionnel et une émission de télévision, bien qu’elle n’ait rien à voir avec les métiers du spectacle, Bénédicte avait retenu une chambre simple mais une erreur du réceptionniste de nuit fit qu’elle se retrouva dans une chambre double pour le même prix. Le patron de l’hôtel pestait contre la rotation du personnel et contre la défaillance des clients. Elle prit une boisson légère dans le minibar. Elle alluma son miniportable et se connecta sur le réseau sans fil de l’hôtel. Elle lut ses courriels, consulta la banque de données de son entreprise et compléta un rapport qu’elle préparait sur les inconvénients du barattage commercial lorsque la stratégie d’entreprise est plutôt à l’écoute du client.

Conte n° 15

Pascal enfila un survêtement. Le soir, il n’avait pas le temps de participer à des séances de gymnastique de forme ou à des soirées de détente après le travail mais il aimait revêtir des vêtements de sport et de détente. Il sortit son miniportable pour faire du téléachat. Il commanda une batterie pour son ordiphone et la paya avec sa carte bancaire électronique. Un pourriel lui afficha soudain une offre présentée comme une excellente affaire, tout compris, avec l’accroche « un acheté, le deuxième gratuit » pour un article dont la marque imitait manifestement celle de sa propre entreprise. C’est du piratage de marque, se dit-il, il faut que je prévienne le service de veille à la concurrence.


2ème partie. Suite des extraits de contes terminologiques : les dictées des Mots d'Or.

N.B. Les contes et les dictées du sujet sont des extraits adaptés des contes terminologiques et des dictées imaginés par Jean-Marc Chevrot, à partir de la presse professionnelle, et consultables sur le site.

Dictée n° 1 – Océane et Valentin

Une action commune de parrainage en Suède a provoqué la rencontre d’Océane et de Valentin. Océane sourit en pensant à sa découverte de la Suède, autrefois, avec un vélo tout couvert d’épinglettes.

Dictée n° 2 – Léana et Bertrand

Après l’écoute de Bertrand, Léana lui propose de partir à la recherche d’un capital-risqueur pour créer une jeune pousse en ligne.

Dictée n° 3 – Joëlle et Juliette

Joëlle et Juliette se rappelleront longtemps ce congrès de la franchise qui leur permit de réunir leur savoir-faire en mercatique personnalisée et en marchandisage.

Dictée n° 4 – Clément et Floriane

Floriane fut séduite par le dossier de presse sur l’industrie de l’humanitaire que lui présenta son voisin, Clément, dans le vol pour Barcelone ; le commerce équitable la tentait de plus en plus.

Dictée n° 5 – Arthur et Olivia

C’est la magie de la pause qui réunit Arthur et Olivia lors d’une conférence sur la mercatique olfactive.

Dictée n° 6 – Bruno

Rassuré, Bruno put se consacrer à son idée d’un aguichage par bouche à oreille électronique sur les forums.

Dictée n° 7 – Amandine

Après quelques années prospères, son commerce se trouva en butte aux attaques d’un casseur de prix et son chiffre d’affaires s’effondra. Quelque contrariée qu’elle fût et quoi qu’elle en pensât à part soi, Amandine jugea incongru d’exhiber son amère déconvenue et se ressaisit. Elle se lança dans le cybercommerce. Devenue détaillante en ligne, cela eut l’heur de plaire aux cybernautes qui passèrent commande à l’envi et Amandine fut déchargée du faix de ses soucis financiers.

Dictée n° 8 – Quentin

Le soir, souhaitant faire bonne chère et faisant fi de ses préventions, Quentin choisit un restaurant qui pratiquait le nouvel art de la table. Il dîna avec une mercaticienne d’une entreprise concurrente pourvue d’un accent accusé et tout enchifrenée, qui le soûla d’aphorismes obscurs sur la mercatique symbiotique.

Dictée n° 9 – Bénédicte

Le lendemain, Bénédicte se sentit un peu lasse. Voilà que je deviens cacochyme jugea-t-elle dans son for intérieur. Dans un troquet, elle mangea une anchoïade. L’aphérèse de mastroquet l’amusait. Puis elle entra dans un centre commercial. Les chalands lui semblèrent plus nombreux que les acheteurs, cela corroborait ses idées sur les effets des achats à domicile.

Dictée n° 10 – Pascal

Un aboiement de sa chienne interrompit sa démarche. Il l’avait oubliée sur la terrasse, carrelée tout entière, dont le terre-plein était de plain-pied avec le salon. Après qu’il l’eut nourrie, il reposa la boîte à croquettes canines de chant. Il alluma le téléviseur et s’affala dans un fauteuil. Il suivit des reportages sur les mobilisations éclair et sur les blessures causées par les bômes des planches à voile. Craignant de risquer l’épuisement professionnel, il éteignit le poste et prit sa liseuse électronique.


3ème partie : question

Quel est le néologisme de la vie économique quotidienne qui a votre préférence (néologisme déjà présent dans la langue française ou que vous aimeriez voir apparaître) ? Pourquoi ?

(Photos et documents communiqués par Jean Marcel Lauginie)

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