Le Havre

Eric Charnay lutte contre l’emploi de mots anglo-saxons dans le vocabulaire français


Rencontre. Éric Charnay se bat contre le remodelage du français au profit de l’anglais et du franglais.



Éric Charnay déplore "un relâchement généralisé"

Ne lui dites surtout pas qu’il est un Don Quichotte. Car il est convaincu que la cause qu’il défend n’est nullement désespérée. Éric Charnay est cadre commercial à EDF chargé de mission à la CFDT et administrateur de l’association Maison de la Culture du Havre. On le connaît aussi comme délégué local "d’Actions pour promouvoir le français des affaires et les langues partenaires", l’APFA, et à ce titre il se bat contre ce remodelage permanent du français au profit de l’anglais et du franglais. Il déplore "un relâchement généralisé qui affecte le vocabulaire et la structure de la langue".

"Ni anglophobe, ni américanophobe"

Mais, souligne cet homme qui a vécu à Londres "Je ne suis ni anglophobe, ni américanophobe". Il faut, explique le syndicaliste "protéger les citoyens, les salariés, par rapport à leur droit de travailler dans la langue qu’ils ont apprise. Si par exemple un contrat n’est pas rédigé dans cette langue, il risque d’y avoir des erreurs qu’on leur imputera". L’un des objectifs de l’APFA, rappelle M. Charnay, est de "permettre aux gens qui travaillent dans une entreprise de se dire, devant tous ces termes qui les mettent mal à l’aise : je parle une langue qui me propose des idées pour exprimer la modernité. Ou alors... Allons jusqu’au bout de la logique, enseignons le français comme une langue morte et licencions tous les enseignants incapables d’enseigner l’anglais". La différenciation, ajoute-t-il "est un outil de mercatique, un élément différenciant, la marque France étant associée à des connotations positives". Mercatique ? Marketing bien entendu !

Éric Charnay refuse la passivité face à la suprématie de l’anglais dans le vocabulaire des affaires et le vocabulaire en général et pense en même temps que cette situation pourrait fort bien évoluer : "Oui l’anglais domine actuellement mais n’oublions pas que d’autres puissances émergent et que nous sommes dans un monde multipolaire. Il est donc aberrant qu’on se focalise sur l’apprentissage du seul anglais. Nous devons avoir au niveau du bac une proportion d’élèves ayant appris les autres langues européennes beaucoup plus diversifiée. Mais notre système scolaire est extrêmement pauvre en propositions pour certaines langues...".

Des idées dans des dépliants

L’APFA-Les Mots d’Or diffuse des dépliants fort utiles si on veut éviter l’emploi de mots et expressions en anglais ou en franglais. Ce vocabulaire est recommandé pour tous et d’emploi obligatoire pour les services de l’État et ses établissements publics. Quelques exemples : Directeur d’affaires pour business manager. Liste de vérification pour check-list. Clôture pour closing. Marque en ligne pour e-marque. Orientations pour guidelines. Cuisinette pour kitchenette. Option de sortie pour opting-out. Personnalisation pour personal recognition. Fauteur de troubles pour spoiler ou troublemaker. Partenaire en second pour junior partner. Combinaison isotherme pour wet suit. Economie verte pour green economy. Réfugié de la mer pour boat people.

Pour en savoir plus sur ces dépliants et le travail accompli par l’APFA-Les Mots d’Or : www.apfa.asso.fr, apfa.lemotdor@orange.fr, Tél. : 02 38 76 24 05.


(Le Havre Presse et Le Havre Libre du 8 août 2014)

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