Langue

Le «Mot d'Or»



Pour l'amour des mots,
la passion de l'action efficace,
l'avenir de chaque culture.


Le "Mot d'Or" est une épreuve lexicale qui se déroule le jour de la fête de la francophonie. Il valorise la connaissance du vocabulaire français des affaires et tend à développer la création de mots nouveaux. On l'ap­pelle aussi Coupe francophone des affaires, dans les pays francophones, et Coupe du français des affaires, dans les pays francophiles. En 1992, 38 045 candidats y ont participé dans 22 pays francophones et francophiles ; 39 cérémonies ont permis de féliciter les 4 194 lauréats.

Depuis sa création en 1988, il est organisé par l'association Actions pour promouvoir le français des affaires (APFA : 278, rue de Sandillon, F45590 Saint-Cyr-en-Val). Jean Marcel Lauginie, très actif, en est le président.

Le Mot d'Or est placé sous le patronage du Haut Conseil de la francophonie, de l'Agence de coopération culturelle et technique et de la Délégation générale à la langue française.

Aux Facultés universitaires Saint-Louis, le 16 mars 1993, jour de la fête de la francophonie, j'ai organisé l'épreuve du Mot d'Or pour des étudiants de la Faculté de Droit et de la Faculté des Sciences économiques, sociales et politiques. Je leur avais fourni les 700 mots d'aujourd'hui pour les affaires, qui sont réunis dans un beau dépliant publié par l'APFA.

L'épreuve comporte quatre parties.

D'abord, il s'agit de trouver le mot dont la définition est donnée. Par exemple, la "caisse de dimensions normalisées utilisée pour le transport des marchandises" s'appelle conteneur.

Ensuite, il convient de remplacer les mots étrangers ou relevant du franglais par des équivalents français dans un texte dont voici une partie : "Le responsable du service informatique annonça que tous les postes de travail allaient être mis en réseau pour que chacun puisse bénéficier d'un direct access (à remplacer par accès direct) à la data base (base de données) de l'entreprise montée sur CD-ROM (disque optique compact, DOC) et pour rendre possible la communication interne par electronic mail (messagerie électronique)".

Les deux dernières questions sont préparées à domicile. Les réponses des parents et des amis sont les bienvenues.

La troisième partie concerne la proposition (avec justification) de mots nouveaux pour des concepts nouveaux. Comment désigner les nouveaux complexes hôteliers et de loisirs (resort), généralement haut de gamme, aux options multiples ? Les étudiants des Facultés Saint-Louis proposent entre autres villégihôtel, multiplexe, novomultitel, détenterie et l'acronyme CAREV ou Choix d'activités de rêve, d'équilibre et de vitalité.

Donner un nom à l'utilisation frauduleuse de coupons de réduction : couponnage-pirate, coupon-fraude ou coupofraude, frauduction (à partir de fraude-réduction), fraudonnage, ristourne noire, etc.

Enfin, comment appeler les personnages importants (V.I.P.) à qui l'on doit manifester beaucoup d'égards ? Des étudiants avancent les éminences, les haut-placés, les hypergradés, les déférenciers (à qui l'on doit de la déférence), les magnants, ou les sigles P.G.I. (personnalités de grande importance), T.I.P. (très importantes personnes), P.D.C. (personnes de choix), etc. Le correcteur retiendra de préférence les néologismes suggestifs qui respectent les modes de formation des mots.

La dernière question interpelle les jeunes. "Sachez entreprendre en français. Vous souhaitez exercer votre goût d'entreprendre et vous décrivez en une dizaine de lignes, les points essentiels du projet qui vous tient le plus à cœur". Des projets concernaient une bibliothèque ambulante pour enfants de quartiers défavorisés, des écoles de devoirs, des tours du monde soutenus par des parrains de la francophonie, la création de petites entreprises, la mise en scène de pièces théâtrales, etc. Ici, le correcteur tiendra compte à la fois de l'originalité et du réalisme du projet, et de la qualité de l'exposé, notamment dans l'utilisation de la langue française.

Deux remises de prix ont été organisées. La première, à Bruxelles, le 27 septembre, a réuni tous les participants des Facultés Saint-Louis. M. Jean-Marcel Lauginie est venu spécialement de Saint-Cyr-en-Val pour organiser la cérémonie. J'ai présenté l'épreuve et les réponses originales des étudiants. C'est M. Jean-Patrice Malaurie, attaché culturel de l'Ambassade de France, qui a remis les diplômes, les médailles et les épinglettes du Mot d'Or, les beaux livres, les Notes bleues de Bercy et les cartes. Des exemplaires du recueil Anglicismes et substituts français (éditions Duculot, 1991), qui contient la plupart des fiches d'anglicismes que j'ai rédigées pour l'Atelier de vocabulaire (devenu Atelier de français vivant) de 1984 à 1991, figuraient parmi les prix.

Le premier lauréat, Paul Brasseur, étudiant à la Faculté de Droit (candidature bilingue français-néerlandais) a reçu un billet d'avion, offert par l'Ambassade de France, et un séjour à Paris qui lui permettent d'assister à la Journée du français des affaires. Le Recteur, le Vice-Recteur et deux doyens des Facultés, ainsi qu'une dizaine de membres de l'Atelier de français vivant avaient tenu à être présents et à féliciter les étudiants. Ce fut une fête de la francophonie.

La seconde remise de prix a eu lieu à Paris, le 21 octobre, lors de la Sixième Journée du français des affaires. Le lauréat de chaque institution organisatrice y a reçu divers cadeaux : dictionnaires, livres, séjours d'études, cartes de la francophonie...

Le Mot d'Or plaît aux étudiants. En outre, cette épreuve lexicale leur permet de développer simultanément une attitude critique à propos du franglais et un attachement à la langue française.

Michèle LENOBLE-PINSON

(Francophonie vivante de décembre 1993)

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