Éducation

"Le Mot d’Or" réveille la langue

"Après le briefing sur le marketing, le manager étudia le nouveau mailing, il jeta un œil à sa montre waterproof. Il était l’heure de téléphoner au sponsor. Puis il prit son walkman et alla déjeuner au self-service."

La version franglaise vous agace ? Essayons la V.F. :

"Après la réunion d’instruction sur la mercatique, le dirigeant d’entreprise étudia le nouveau publipostage, II jeta un œil à sa montre étanche. II était l’heure de téléphoner au parrain. Puis, il prit son baladeur et alla déjeuner au libre-service." Avouez que la version française n’est pas toujours très heureuse non plus.

Les acteurs de l’économie ont fréquemment recours au vocabulaire anglo-saxon. Parce qu’en raison du progrès, de nouveaux concepts sont apparus (souvent en provenance des États-Unis) bien avant qu’on pense à leur donner un nom bien de chez nous.

Depuis 1983, les ministères sont tenus de mettre sur pied des commissions de terminologie. Celle du ministère de l’Économie, I’A.P.F.A. (Association pour promouvoir le français des affaires), est parti­culièrement active. Hier, journée de la francophonie, elle organisait en France et dans vingt-deux pays "Le mot d’Or", un concours destiné aux sections économie des lycées.

À Niort, quatre-vingt-dix élèves du lycée de la Venise-Verte (B.T.S. informatique et gestion, deux classes de terminale G2 et une terminale G3) et trente-deux élèves du lycée Saint-André (B.T.S. action commerciale) y participaient. Ils disposaient d’une heure pour effectuer les quatre exercices plutôt ardus : remplacer des mots étrangers par leurs équivalents français, trouver des mots dont la définition est fournie, proposer des mots nouveaux pour des concepts nouveaux et exprimer en dix lignes leur désir d’entreprendre.

Les meilleures copies iront à Poitiers pour le concours régional, avec l’espoir d’être invité à la Vle Journée des affai­res, le 21 octobre prochain à Paris.

Quant à l’efficacité du concours, on peut en douter. Les participants avouent sans complexe utiliser couramment anglais et franglais et ajoutent avec une pointe de provocation qu’ils trouvent ça "high top". Pour eux, ces mots sont souvent plus naturels et plus parlants que leurs équivalents français. Parce qu’ils viennent de l’usage et qu’ils ne sont pas le fruit de la réflexion d’une quelconque commission. "Ce concours nous a tout de même fait prendre conscience du nombre de mots étrangers qu’on utilise"

Et pourquoi ne pas utiliser de temps en temps des expressions françaises. Allez, que diable, un petit effort, elle ne sont pas toutes ringardes !

Yan DEFRASNE

On se creuse les méninges au lycée Saint-André pour trouver des équivalents français aux expressions anglo-saxonnes qui ont envahi la langue

(La Nouvelle République du Centre-Ouest, 17 mars 1993)

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