COMMUNICATION

QUAND LE PLURILINGUISME CONTRIBUE À LA RÉUSSITE DE LA STRATÉGIE DE L'ENTREPRISE


Défendre la langue française et promouvoir le plurilinguisme sont deux des axes de direction de la Délégation à la langue française.
Des entreprises s'y emploient à leur plus grand profit.

Pour se développer à l'étranger, Beaufour Ipsen International a intégré culturellement des équipes d'origines, de cultures et de langues maternelles multiples.

Beaufour Ipsen International est la filiale chargée du développement international du laboratoire pharmaceutique du même nom. Grosse moyenne PME, cette entreprise emploie 3.000 personnes à travers le monde, réalise 3 milliards de chiffre d'affaires, se situe au 6ème rang des laboratoires français et au 43ème en Europe.

L'entreprise réalise déjà 38 % de son chiffre d'affaires à l'étranger mais n'entend pas en rester là. Sa stratégie de développement vise essentiellement l'Europe de l'Ouest, l'Europe de l'Est et l'Asie.

Claude Chollet, directeur général, cite volontiers Confucius qui, au Vème siècle avant notre ère, avait analysé que "sans langage commun les affaires ne peuvent être conclues". Dans cet esprit, il a développé, dans le réseau Beaufour, une politique de plurilinguisme originale qui ne se limite pas à implanter et à diffuser plusieurs langues dans l'entreprise, mais va jusqu'à l'intégrer culturellement des équipes de personnes d'origines, de cultures et de langues maternelles diverses. À tous les niveaux, l'entreprise a recruté des personnes d'ori­gines et de nationalités variées : russes, polonais, chinois, vietnamiens. "Ce qui, observe Claude Chollet, n'a pas manqué d'entraîner des difficultés de la part de l'administration en période d'immigration restrictive. Mais nous avons réussi à faire comprendre à l'administration que le développement de notre entreprise à l'étranger et nos exportations étaient directement liés à la pré­sence et à la participation de ressortissants étrangers parmi nous. Nous avons obtenu gain de cause."

C'est ainsi qu'au siège on rencontre non seulement des Français qui parlent plusieurs langues mais aussi des collaborateurs dont la langue maternelle est l'espagnol, le portugais, l'arabe, le vietnamien, l'allemand... et même le béarnais ! Le siège a recruté des assistantes de zones, qui sont des jeunes femmes qui ont un rôle d'interface entre les sièges et les responsables locaux : vietnamienne, coréenne, chinoise, libanaise, polonaise, hongroise, russe... Elles ont toutes pour langue maternelle celle de leur pays, connaissent la culture française et maîtrisent notre langue. En ce qui concerne la Chine, l'assistante parle mandarin et chang cha.

À l'étranger, selon les zones, une langue dominante de communication a été choisie. Par exemple le français pour la Roumanie et la Bulgarie ; l'anglais pour l'Europe Centrale et de l'Est, Hongkong, la Thaïlande, Singapour ; le français pour le Cambodge et le Vietnam... Les personnes recrutées sur place doivent, outre leur langue maternelle, parler ou apprendre la langue dominante de l'entreprise.

Tour de Babel ? Non, car Claude Chollet sait qu'il y a des limites à imposer à cette polyphonie. Il faut nécessairement une langue commune principale et le Français s'impose. "Celui qui, chez nous veut progresser, accéder aux postes de direction doit apprendre le français. En effet, notre "grand-messe" annuelle ou nos réunions mercatiques se tiennent toutes en français. N'y participent que ceux qui dominent notre langue. Cela veut dire qu'il faut donner aux gens la possibilité d'apprendre le français, ce que nous faisons en finançant à concurrence de 90 % leur apprentissage du français, en les invitant à séjourner chez nous et à découvrir ce qu'est la France."

Comme l'écrit Alain Etchegoyen (auteur de "Les entreprises ont-elles une âme ?"), une entreprise c'est aussi un texte : des notes, des circulaires, des rapports, du courrier. "En ce qui concerne la communication orale et écrite, nous sommes extrêmement exigeants. La qualité de la communication écrite et orale est un critère de sélection des collaborateurs et... des fournisseurs, surtout lorsqu'ils sont fournisseurs de matière grise."

Reste à voir à quoi tient l'art de diriger une entreprise aussi diverse. Pour Claude Chollet, le management d'entreprise pluriculturelle nécessite un dosage subtil entre ouverture et fermeture mais aussi confiance et respect des autres dans leurs différences.

L'APFA


Créée en 1984, l'Association APFA (Actions pour promouvoir le français des affaires) est placée sous le patronage de la Délégation générale à la langue française.

Ses objectifs :

- Faire connaître la langue des affaires : fondement - pratique - évolutions les plus récentes (aider à la diffusion des termes élaborés par la Commission ministérielle de terminologie économique et financière ; créer une pédagogie appliquée aux termes de pointes, aux mots nouveaux des affaires) ;
- Appliquer à la langue des affaires la démarche de la mercatique : détecter les besoins, recueillir les suggestions, accompagner l'excellence dans la pratique du vocabulaire des affaires ;
- Montrer que chaque langue est susceptible de traduire avec son génie propre les termes du monde des affaires.

Ses actions :

- Des lexiques : "700 mots d'aujourd'hui pour les affaires" ; "700 mots d'aujourd'hui pour l'informatique" ; "700 mots clefs des affaires en 20 langues" ;
- Des notices d'emploi : "Millésimes et crus du vocabulaire des affaires" ;
- La Lettre du Français des affaires ;
- Une coupe du français des affaires "Le mot d'Or" qui distingue les professionnels, les élèves et les étudiants maîtrisant la langue des affaires tant dans la langue française que dans leur langue maternelle (33.000 candidats et 4.400 lauréats dans 42 pays).

À l'exemple de ces initiatives et de ces actions pour connaître, apprécier et pratiquer les vocabulaires des affaires, notre souhait est que chaque langue maternelle soit enrichie pour une meilleure communication et des échanges commerciaux accrus.

Pour obtenir le dépliant d'information, s'adresser à :
APFA - LE MOT D'OR - Jean-Marcel Lauginie
278 rue de Sandillon - 45590 St Cyr en Val - FRANCE - Tél : (33) 38.76.24.05

(Management France n° 96 d'avril 1996)

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