BLOIS : LA MERCATIQUE VAUT BIEN LE MARKETING !

186 élèves du département participaient hier au "Mot d’Or". Un concours destiné à défendre l'usage du français dans le monde des affaires.

Sauriez-vous traduire en bon français quelque chose comme : un caddie-boy vient l'aider à rejoindre l’un des check-out équipés pour le seif-scanning ? Non ? Ben, vous n’êtes pas fort... Tout à fait le genre à confondre sa carte de couponning électronique avec celle pour stocker les points en vue d’un air-tour ! Cette petite plaisanterie n’a d’autre but que d’illustrer combien le français se trouve en grand danger d’être phagocyté par l'anglo-saxon, régnant quasiment sans partage dans le monde des affaires.

Pourtant, les mots français équivalents existent, ou sont à inventer. C’est dans cet esprit qu'est né en 1988 dans l'académie d'Orléans-Tours le "Mot d'Or". Il devait effectivement l'être puisqu'il concerne cette année 42 pays et DOM-TOM, 19 académies métropolitaines, 33 000 candidats, dont 2 195 en région Centre. Le tout avec la bénédiction d'une foultitude de partenaires, dont la Délégation générale à la langue française, le Ministère de l'Économie, du Budget, etc. Les épreuves proposées aux lycéens se divisent en quatre parties :
- trouver en français le mot ou l'expression choisie pour une définition donnée,
- remplacer dans un texte les expressions et mots étrangers ou relevant du franglais,
- chercher des mots nouveaux pour des concepts nouveaux,
- présenter un projet personnel de création d'entreprise.

Des prix et lots divers sont attribués aux lauréats des épreuves, auxquelles peuvent également participer des francisants.

UNE PÉDAGOGIE ACTUELLE<

Dans le Loir-et-Cher, 15 élèves de Ronsard à Vendôme, 27 de Claude-de-France à Romorantin, 33 de Dessaigne et 111 de La Providence à Blois sont partis à la chasse aux mots.

Pendant que ses élèves se demandent comment peut bien s'appeler une société dont plus de la moitié du capital social est détenu par une autre dite "société mère", M. François Médo, professeur d'économie et de gestion, nous parle à voix basse : "Nous essayons de faire découvrir toute la richesse du français en tant que langue pouvant se permettre de ne pas avoir recours à des mots d'emprunt. C'est une volonté qui nous anime, avec mes collègues, tout au long de l'année. Nous n'avons pas de préparation spéciale pour ce concours, dont nous découvrons les questions en même temps que les élèves. L'usage correct de la grammaire subit aujourd'hui pas mal d'affronts dans un domaine aussi particulier que celui de l'économie. Cette démarche entre tout à fait dans la pédagogie souhaitée actuellement."
À sa manière, M. François Médo participe comme d'autres à la défense et à l'illustration de la langue française. Boutons, en bons Français et en toute amitié, l'anglais hors de la langue de Villon, Chateaubriand et Pierre Georges !

Alain VILDART

(La Nouvelle République du Centre-Ouest, édition du Loir-et-Cher, du mercredi 20 mars 1996)

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