Préface de Laurent Fabius, Ministre de l'Économie, des Finances et de l'Industrie

Il n’y a pas que les chiffres dans la vie...

La Commission ministérielle de terminologie économique et financière, créée en 1970, a été réactivée par le Président François MITTERRAND en 1984. Sous la présidence avisée de Jacques CAMPET que sa longue connaissance de la Cour des comptes, juridiction au lexique foisonnant, désignait pour ces fonctions, puis, à partir de 1998, de Jean SAINT-GEOURS qui s’en acquitte avec talent, de nombreux termes nouveaux ont été définis qui assurent une meilleure compréhension de la vie économique. Pour traduire une science mouvante et que certains de ses utilisateurs ne maîtrisent pas toujours à la perfection, la seule bonne inflation est celle de la précision, de l’exactitude, de la rigueur, bref du sérieux. Pages saumon, ouvrages spécialisés, journal de 20 heures, textes de loi ou de décret, conversations de la rue, ce qui se conçoit bien doit s’exprimer clairement et les mots pour le dire s’énoncer aisément. Une administration se doit de parler un langage clair et compréhensible par tous.

Mais, même en cette matière où les cheveux blancs sont plus nombreux que les culottes courtes, il faut savoir mettre quelques bonnets rouges aux vieux dictionnaires pour éviter que les plus jeunes nous coiffent d’un bonnet d’âne. C’est pourquoi je salue l’initiative de l’association "Actions pour promouvoir le français des affaires (APFA)", responsable avec la Direction des Entreprises commerciales, artisanales et de services (DECAS) du groupe de travail de la terminologie commerciale, qui a proposé aux lycéens des filières tertiaires de l’éducation nationale de laisser libre cours à leur imagination pendant la semaine du Printemps des Poètes. Le résultat dépasse nos espérances. L’art économique n’interdit pas la licence poétique. Même lorsqu’il s’agit de prévisions ou de statistiques, jamais le droit à l’inventaire lexicographique n’est plus beau que lorsqu’il s’inspire de Prévert. Nos modernes Fontenelle et Littré ont donc recensé : AIMANTIN, BUTINEUR, CHEVALIER BLANC, ÉCOMERCATIQUE, ESSAIMAGE, JEUNE POUSSE, LA BONNE HEURE, REMUE-MÉNINGES, TOILE, ZONE EURO et bien d’autres. En apportant une vision élargie et rafraîchissante de l’économie, ces apprentis entrepreneurs, jeunes poètes à leurs heures, nous rappellent qu’on peut cultiver chiffres et données macroéconomiques tout en faisant la chasse aux barbarismes. Cette leçon reçue sera récompensée en présence de jeunes Lauréats du MOT D’OR venus du monde entier, lors de la Journée du français des affaires inaugurée en 1989. C’est un encouragement donné à tous ceux qui œuvrent à l’enrichissement des langues et des cultures économiques à l’aube du siècle nouveau.

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