Les mots ont besoin que nous les aidions à naître...

Apprendre une langue, c’est apprendre l’humilité ; c’est découvrir nos limites tout en découvrant nos possibilités. Nos limites, puisque nous savons d’emblée que nous ne parviendrons jamais à atteindre le niveau de perfection dans l’usage de cette langue nouvelle ; d’ailleurs, même avec notre langue maternelle, ose­rions-nous dire que nous la maîtrisons à la perfection ? Et nous découvrons simultanément nos possibilités, puisque chaque nou­velle langue acquise est une porte d’un autre univers qui s’ouvre devant nous. Ou, mieux encore, un couloir unissant les univers au nom de la coopération politique, sociale, culturelle et, bien sûr, économique. Coopération dont un bel exemple est celui des relations qui lient la France et la Pologne et, notamment, des actions soutenues par la Région Centre. C’est grâce à l’une de ces actions que j'ai pu venir faire mes études en France, cette année.

Une langue est comme le peuple qui la parle : il y a des mots qui naissent, il y en a d’autres qui meurent, il y en a aussi qui émigrent d’une langue dans une autre (ou qui ont une double "nationalité"). Et il me semble que l’objectif de l’APFA, avec les Mots d’Or qu’elle organise, est justement de protéger ces peuples souverains, qu’ils soient petits ou grands. Les mots ont besoin que nous les aidions à naître, que nous les empêchions de mourir et que nous surveillions leurs migrations.

Intervention de Miroslawa WIELOSZ,
meilleure lauréate du Mot d’Or 2001 pour la Pologne,
lors de la Cérémonie académique du Mot d’Or,
le 19 juin 2002, à Orléans.

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