TÉMOIGNAGES DE RESPONSABLES D'ENTREPRISES ET D'INSTITUTIONS :

Intervention de Louis-Marie HUMEAU, Président Directeur général de la Société SAFRISAND S.A.

Je vais essayer d’être bref également. Notre cas est assez différent, puisque nous sommes une entreprise de fabrication de chaussures qui a été créée ex nihilo en Afrique, avec en parallèle une société sœur en France.

C’est tout à fait différent. Nous sommes une société de fabrication de chaussures qui produit uniquement en Afrique, et qui vend uniquement en Europe. C’est donc un cas assez différent des sociétés délocalisées habituelles. Nous avons créé, en effet, cette société avec un site de production à Dakar en zone franche, et une société sœur en France qui est chargée des aspects commerciaux, logistiques, etc.

Ceci a été réalisé avec un petit peu derrière la tête l’idée de lutter effectivement contre les idées reçues, au-delà de ce qu’a pu être le pari de créer une affaire.

Cette création a eu lieu il y a 5 ans. Aujourd’hui, nous sommes implantés dans toutes les centrales d’achat françaises et chez tous les gros clients français de chaussures d’enfants. Je pense que notre société n’aurait jamais pu exister si effectivement nous n’avions pas eu une langue commune. D’abord il y a une question de milieu d’accueil avec tout ce qui peut être l’environnement juridique, donc un besoin de compréhension important, même si les problèmes sont réduits tels que nous les connaissons en zone franche de Dakar, puisque les formalités sont simplifiées.

Je crois que ce qui peut être notable dans notre cas, c’est un peu à l’opposé de ce que disait M. Adda sur le contact des élites, c’est pour nous l’utilisation d’une langue commune et d’une certaine communauté culturelle également avec les hommes de production que sont les gens dans notre atelier de Dakar, et bientôt dans celui de Tunisie puisque nous ouvrons un autre atelier ces jours-ci.

Ce qui est remarquable, je crois, c’est que nous dépassons maintenant une simple analyse de coûts des facteurs pour effectivement raisonner plutôt en compétence des hommes et en localisation plutôt que délocalisation. C’est-à-dire qu’on considère maintenant que notre avenir d’entreprise réside plus sur la façon dont les gens, concrètement les Sénégalais et les Tunisiens qui travaillent avec nous, sauront réagir, s’adapter.

Nous ne serons jamais concurrents des Chinois, nous n’y arriverons pas, mais par contre nous avons la prétention ensemble effectivement d’avoir une existence en tant qu’entreprise, de langue française, et avec effectivement toutes les commodités que ça peut impliquer au point de vue formation, puisqu’on a des gens, des Sénégalais, qui viennent régulièrement chez nous en France, des liens à tous les niveaux entre les intervenants en France et au Sénégal, puisque des gens qui sont chez nous, par exemple une secrétaire commerciale au niveau BEP en France sera en contact avec le responsable des expéditions à Dakar qui a un niveau d’études secondaires, donc on a effectivement la possibilité grâce à cet outil commun qu’est la langue française de créer je pense un véritable esprit d'entreprise.

On a la chance que ça se passe comme ça chez nous, et donc je crois que c’est plutôt cette possibilité de créer ensemble, sur des sites tout à fait différents, une entreprise qui utilise cette langue commune et qui effectivement réagisse autrement qu’en traitant les gens comme des machines qui coûteraient 200 francs ou 300 francs de l’heure, je parle en CFA. Je pense que c’est cette dimension que l’on trouve grâce à notre langue commune. C’est l’essentiel, c’est une contribution en ce sens.

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