Un témoignage sur les tontines



Je suis Béninois, et la question est pour les tontiniers.

Bien que résidant à Tours depuis 22 ans, le sujet de la tontine me passionne puisque la tontine constitue un objet éducatif de l'enfant. Très tôt, lorsque l’on donne 5 francs à un enfant, 5 francs CFA, on lui dit : "Tu dois faire une tontine avec 2 francs, comme cela tu vas apprendre àéconomiser."

Et je me rappelle avoir acheté ma première mobylette d'étudiant à partir d’une tontine, une mobylette de 85.000 francs alors que ma bourse n’était que de 12.000 francs.

Mais je voudrais également dire une chose, notamment en direction des financiers qui sont dans cette salle, c'est qu'en fait, si la tontine reprend un tel élan aujourd'hui, c'est parce que la situation économique en Afrique fait que les débiteurs éventuels des banques ne seraient pas solvables, et que les conditions mises justement par les banques pour avancer des fonds à des demandeurs excluent environ 85 % de la population et ne concernent même pas, je dirais, 10 % des fonctionnaires. Évidemment, dans ces conditions, les tontines ont encore de beaux jours devant elles ; ainsi, la semaine dernière j’ai contribué à une tontine pour construire la clôture de la concession familiale.

Donc il y a une réalité de la tontine ; c'est qu’en l'absence de la Caisse d’épargne, qui existait dans toutes les campagnes françaises, il ne reste qu’une solution : il reste justement les caisses d’épargne à la traditionnelle, fondées sur une confiance absolue en l’autre et qui constituent la tontine. Merci.

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