Les jeunes appelés sous les drapeaux de la francophonie


La Coupe du français des affaires stimule la créativité des francophones.

Toutes les langues sont appelées à résister à l'espéranto anglo-américain.



Vous savez ce qu'est une start up ? Une jeune pousse, tout simplement. Et trois élèves du lycée Balzac de Tours, Aurélie, Sébastien, Aurore ajoutent : « Attention, voilà les jeunes pousses qui viennent à le rescousse de ce marché qui s'essouffle ». Et la maisonnerie qu'aurait pu chasser le vilain home center ? « Gris, gris, adieu la monotonie, j'équipe mon habitat à la maisonnerie ».

L'art économique et l'efficacité n'excluent pas la licence poétique. Alors, nous avons aimantin, butineur (browser), coucounage (cocooning), chevalier blanc, écomercatique (éco-marketing), essaimage, jeune pousse (start up), la bonne heure, remue-méninges (brain-storming), toile (le web), zone euro...

Un Orléanais, Jean-Marcel Lauginie, inspecteur d'académie, est à l'origine en 1988 de ces différentes « olympiades » du français des affaires à l'usage des jeunes générations. Du 24 mars au 12 avril prochain (il n'est pas trop tard pour s'inscrire), près de 35.000 candidats dans une quarantaine de pays à travers le monde vont participer au Mot d'or 2003.

L'illusion de la langue universelle

Classes et élèves concernés, les formations tertiaires. En dehors des territoires francophones, dans les autres pays - Pologne (350 inscrits en 2002, Roumanie 470, Vietnam 320...) - les épreuves, abritées par les centres culturels français, se déroulent dans la langue nationale.

« Nous voulons développer la terminologie de chaque culture », explique Jean-Marcel Lauginie, président de l'APFA-Le Mot d'Or (association pour le français des affaires). À propos de l'anglais et de cet espéranto anglo-américain, il explique que « c'est l'illusion de la langue universelle, l'avenir n'est pas à la mono-langue ». À travers une série d'organismes - sans doute trop nombreux pour être totalement efficaces - ils sont quelques-uns (linguistes, écrivains, enseignants...) à courir après l'avalanche de termes nouveaux dont nous bombardent les mondes des affaires, des sciences et techniques, du sport... Le tout popularisé et amplifié par les médias.

Peut-on encore entreprendre, créer, en utilisant du vocabulaire français ou d'autres langues maternelles ? C'est ce combat, qui ne fait pas de victimes civiles, ni de dégâts collatéraux, qui est proposé à la jeunesse en formation « technique », à quelques encablures de sa vie active.

Deux grands écrivains, le linguiste Claude Hagège (pour « Halte à la mort des langues » chez Odile Jacob) et Vassilis Alexakis (pour « Les Mots étrangers » chez Stock) ont reçu les Mots d'Or des langues et du roman. Claude Hagège, partisan d'une réforme de l'orthographe, estime : « Une diffusion internationale du français face à l'anglais, que j'appelle de mes vœux, ne peut advenir que si le français se répand dans toutes les couches de la société et certainement pas si, à l'étranger, elle reste une langue de luxe réservée aux élites ».

Christian Bidault.

Repères

Quand ?

La Coupe francophone des affaires Le Mot d'or est ouverte aux élèves préparant des baccalauréats professionnels tertiaires en lycée d'enseignement général et technologique (LEGT) et en lycée professionnels (LP).

Comment ?
L'épreuve est organisée durant un cours choisi par les enseignants. Elle est divisée en cinq parties dont la première fait appel à la créativité de mots pour désigner des concepts nouveaux :
1. L'utilisation de l'Internet et de l'intranet pour fidéliser les salariés et améliorer leur performance.
2.  La tenue décontractée chic tolérée maintenant le vendredi dans les entreprises.
3.  L'utilisation de parfums d'ambiance dans les magasins et lieux publics.
À vos méninges !

Dans l'académie :
C'est le lycée Dessaigne de Blois, dont était issu le vainqueur de l'an dernier en région, qui, cette année, organisera la cérémonie de remise des récompenses. En 2002, sur Chartres, seul le lycée Fulbert avait pris part alors que sur le Loiret Saint-François-de-Sales (Gien), Maurice-Genevoix (Ingré) et quatre lycées d'Orléans étaient en piste.

Inscriptions :
APFA- Le Mot d'or, 278, rue de Sandillon
45 590 Saint-Cyr-en-Val
www.apfa.asso.fr
www.presse-francophone.org

Remise des prix

Jean-Marcel Lauginie, Inspecteur d'académie, récompense la lauréate 2002 de la Coupe du français des affaires,
une jeune Thaïlandaise. Avec son association, Le Mot d'Or, il s'efforce de résister à l'anglo-américain.

(La République du Centre du mercredi 5 mars 2003)

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