CLERMONT-FERRAND

FRANÇAIS • Les amoureux de la langue en lutte contre le « franglais »

Une Coupe pleine de mots !


Dans le cadre de la semaine de la langue française, l'APFA organisait, hier, la Coupe du mot d'or du grand public. Elle consistait notamment en la réécriture de textes « franglais » en français.


participants

RÉÉCRITURE. Les participants ont eu une heure pour mesurer combien il est difficile de trouver des
synonymes aux mots « franglais » passés dans le langage courant (photo RICHARD BRUNEL).

Le « franglais » s'insinue partout au détriment de la langue de Molière, qui dispose pourtant de bien des mots pour restituer les mêmes idées. Faut-il y voir une certaine fainéantise de nos compatriotes ou plutôt une forme d'impérialisme de la culture anglo-saxonne ? Difficile à dire.

Afin d'endiguer ce phénomène, l'association Actions pour promouvoir le français des affaires (APFA) participe activement à la Semaine de la langue française. C'est dans ce cadre-là qu'elle organisait, hier, la Coupe du Mot d'Or du grand public, qui a réuni neuf participants à Clermont-Ferrand. « C'est une autre manière de promouvoir le français, explique Jean-Marc Chevrot, responsable du site Internet de l'APFA. On a trop cherché à normaliser la langue, ce qui a conduit bien souvent à culpabiliser les gens qui n'osent plus fabriquer des mots de peur qu'on leur rétorque : ce n'est pas français ».

« Archi-urgent d'être vigilant »

Cette panne d'imagination, les participants ont eu une heure pour la mesurer. L'épreuve consistait notamment à réécrire un texte truffé de mot anglais en français. Un exercice en apparence simple et « cool », qui s'est avéré finalement très délicat.

Jugez plutôt : « Bénédicte entra dans un shopping-mail où se pratiquaient le retailtainment et le marketing olfactif. Le fun shopping ne lui déplaisait pas (*) »  !

D'aucuns trouveront peut-être tout cela un peu excessif et ils n'auront pas tout à fait tort. Mais il fallait bien corser un peu la chose pour départager les participants.

Jean, éducateur spécialisé à la retraite et animateur du collectif pour la francophonie, était l'un de ceux-là. Il estime qu'il est « archi-urgent d'être vigilant ». « Ce texte, c'est ce qui nous attend si on reste indifférent au phénomène. Je respecte le fait que des termes anglais s'imposent dans des domaines techniques, mais je trouve inadmissible que tant de jeunes utilisent des mots anglo-saxons pour faire bien. Faire bien auprès de qui ? ».

Vaste question qui fera sans doute débat lors de la remise des récompenses (des ouvrages offerts par des éditeurs), le 28 mars, à 18 heures, au centre municipal Pierre et Marie Curie à Clermont-Ferrand.

(*) Comprendre : « Bénédicte entra dans une galerie marchande où se pratiquaient la théâtralisation commerciale et la mercatique olfactive. L'achat récréatif ne lui déplaisait pas ».

MICHAËL NICOLAS
(La Montagne, 17 mars 2007)

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