LIBAN : DEUXIÈME JURY DE LA VALIDATION DES ACQUIS FRANCOPHONES INITIAUX EN ENTREPRISE (VAFIE)

Pascale Amar Du 25 au 27 février 2015, des représentants de l’OIF et de l’association Actions pour promouvoir le français des affaires ont évalué les compétences en français de 36 fonctionnaires de six ministères libanais : Culture, Information, Travail, Réforme administrative, Finances et Industrie. Pascale Asmar, titulaire d’un doctorat en Sciences du Langage de la Sorbonne Nouvelle, Paris 3, et de l’Université libanaise, déléguée de l’APFA pour le Liban, lauréate du Mot d’Or en 2010 (Liban), membre du comité d’orientation du 2e forum mondial de la langue française (Liège, 2015), explique à l’Agenda Culturel ce dont il s’agit exactement.

Pouvez-vous nous présenter la Vafie ?

La Vafie ou Validation des acquis francophones initiaux en entreprise est une reconnaissance linguistique délivrée gratuitement par l’Organisation internationale de la francophonie à un public d’employés et de fonctionnaires ayant au moins 5 ans d’expérience professionnelle dans les domaines suivants : l’artisanat, le commerce, l’industrie, l’hôtellerie, la restauration, les services, le tourisme, les transports, autant dans le secteur public que privé. La Vafie s’inscrit dans le cadre du pacte linguistique signé par le pays hôte - le Liban dans notre cas - et se réalise via un entretien d’une trentaine de minutes avec le jury.

La mission préparatoire de novembre 2011, soutenue par SEM Khalil Karam, alors représentant personnel du Président de la République au Conseil permanent de la francophonie, a réuni M. Jean, Marcel Lauginie, Président d’Actions pour promouvoir le français des affaires et les langues partenaires (APFA), association gestionnaire de la Vafie, Mme Annick D’Almeida Agbojan, Spécialiste de programme à l’OIF, le ministre de la Culture libanais SEM Gaby Layoun, et son conseiller, M. Michel de Chadarevian, la directrice générale du ministère du Tourisme, Mme Nada Sardouk, la doyenne de la Faculté des lettres et des sciences humaines, Mme Wafaa Berry Hajj, la directrice des ressources humaines à la Chambre de commerce, d’industrie et d’agriculture de Beyrouth et du Mont-Liban, Mme Hana Nehmé Haidar, l’attachée de coopération pour le français, Mme Sandra Barrère, et la correspondante nationale de la CONFEMEN, Mme Nabila Babetti. Les troubles liés à l’insécurité au pays des Cèdres a reporté la date de la mise en place du premier jury de la Vafie qui a enfin eu lieu en novembre 2013 au ministère du Tourisme. Une soixantaine de fonctionnaires, issus de divers départements de ce ministère, se sont présentés à l’entretien et ont obtenu la certification officielle.

Que s’est-il exactement passé fin février dans six ministères libanais ?

Après le succès du premier jury de la Vafie, et à l’issue d’une rencontre avec SEM Khalil Karam à l’Unesco, M. Lauginie et moi-même, désignée comme déléguée de l’Apfa pour le Liban, avons encore une fois bénéficié de son soutien et de ses précieux conseils. Il a proposé une rencontre entre M. Lauginie et le ministre de la Réforme administrative, SEM Nabil de Freige, alors de passage à Paris. Ce dernier a assuré à M. Lauginie de son engagement francophone et m’a fixé un rendez-vous au Liban pour me mettre en contact avec d’autres institutions qui pourraient être intéressées par la mise en place de la Vafie. Et comme dans un rêve, la Vafie a été appuyée par 6 ministères libanais - l’Industrie, les Finances, la Culture, la Réforme administrative, l’Information et le Travail - et par l’institut des finances Basil Fuleihan. À chaque rencontre, j’ai ressenti un intérêt et une volonté de cristalliser ce projet auprès des fonctionnaires avides de perfectionnement linguistique. Après 5 mois de travail et de préparation, le jury, présidé par Mme Imma Tor, directrice de la langue française et de la diversité linguistique à l’OIF, représentée par Mme Claudia Pietri, spécialiste de programme à l’OIF, a accueilli durant la dernière semaine de février les fonctionnaires, non diplômés en français de spécialité, avides de perfectionnement et de reconnaissance linguistiques en français en intercompréhension avec l’arabe, de ces diverses institutions. Des ingénieurs, des metteurs en scène, des artistes, des contrôleurs, une statisticienne, le directeur de la cinémathèque nationale, une employée à la cour des comptes, des informaticiens, un fonctionnaire d’Interpol, le chef des relations internationales au ministère du Travail... se sont présentés à l’entretien qui prend la forme d’une conversation dans un climat de confiance, durant lequel le jury a été agréablement surpris par la compétence des candidats : polyglottes, diplômés de prestigieuses institutions (France, République Tchèque, Canada, Russie….) et surtout passionnés de langue et de culture. La cérémonie de remise des certificats de la Vafie, accueillie le 17 février 2015, généreusement et gracieusement par l’Institut des finances Basil Fuleihan, en présence de Madame le Professeur Fadia Kiwan, représentante personnelle de la Présidence de la République au Conseil permanent de la francophonie - qui a soutenu la mise en place du premier jury de la Vafie en 2013 -, des membres du jury, du directeur général du ministère de Culture, M. Faiçal Taleb, représentant le ministre de la Culture, SEM Rony Araiji, a récompensé les compétences acquises en français et en arabe de ces fonctionnaires.

À votre avis la Vafie a-t-elle un avenir ?

Lors de la rencontre de M. Lauginie avec la directrice de l’Institut des Finances Basil Fuleihan, Mme Lamia Moubayed Bissat, cette dernière lui a demandé de continuer l’opération en raison de son importance. Le directeur général du ministère de l’Industrie, M. Dani Gédéon, a exprimé son soutien et sa volonté de promouvoir les compétences des employés de la direction générale via des projets de ce genre. Mme le Professeur Fadia Kiwan, à l’issue de la cérémonie de la Vafie, a demandé de parler de Valorisation des acquis francophones initiaux dans le milieu de Travail, affirmant ainsi une volonté d’étendre la Vafie à un public encore plus grand. Toutes ces réalités nous confirment que la Vafie a un avenir prometteur au Liban. L’année prochaine, le secteur privé pourra en bénéficier, ou les municipalités... Qui sait ? La Vafie est une chance et les chances n’ont point de limites !


les lauréats
Photo Nadine Asmar

(Publié le 11 mars 2015 sur le site l'Agenda Culturel du Liban)

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