POUR UN FRANÇAIS DE NOTRE TEMPS

Avec Citroën, le Crédit lyonnais, Elf, les Laboratoires Beaufour, IBM France a reçu la coupe du français des affaires des mains du délégué général à la langue française, M. Bernard Cerquiglini. C’était au cours de la Deuxième Journée du français des affaires, organisée par I'APFA (Association pour promouvoir le français des affaires), le 25 octobre dernier, au centre de conférences du ministère de l’économie, des finances et du budget. En présence du directeur du commerce intérieur et du secrétaire général du Haut Conseil de la francophonie, des coupes ont été remises aussi à des journalistes, des auteurs et des éditeurs. Pour ce qui concerne IBM France, quelle est la signification de cette récompense? Est-ce que la compagnie la mérite vraiment ? Gérard Saint-Guirons, président du comité du vocabulaire, répond :

Quand on entend parier franglais dans les conversations, dans les réunions, sans la moindre vergogne, quand on lit dans son courrier électronique des notes en français qui se terminent par regards, quand on voit le manuel réglementaire rédigé sans aucun accent sous on ne sait quel prétexte technique, quand on constate que nos claviers ne nous permettent pas de conjoindre "o" et "e"..., on peut se demander si la compagnie ne joue pas l’imposture en allant recevoir un prix du bon usage de la langue française des affaires.

Et pourtant, nous y sommes allés, car IBM France (comme IBM Canada) déploie dans ce domaine des efforts consentis par peu d’entreprises. Le président de I’APFA, M. Jean-Marcel Lauginie, n’a pas manqué de rappeler que c’est à IBM France que l’on doit le mot ordinateur, dès 1955. Citant le comité du vocabulaire (dont la création remonte à 1960), il a fait l’éloge de ses travaux et de sa vitalité. II connaissait les missions de ce qu’entre nous, nous appelons le "covo": assister les services de la compagnie en matière de langage, coopérer avec le Canada francophone, avec les commissions nationales de terminologie, mettre à jour la Terminologie du traitement de l’information, faire connaître les recommandations du comité et des organismes nationaux et internationaux.

Ce que l’on doit ajouter aussi est l’effort colossal que réalise IBM France avec son centre de francisation, à Marne-la-Vallée, où plus de cinquante spécialistes assurent la francisation des produits et la traduction de milliers de documents techniques afin de respecter la législation et de répondre à la demande des clients, particulièrement les utilisateurs finals.

Enfin, je ne tiens pas pour négligeable la rigueur avec laquelle travaillent les communications internes de la compagnie : certaines publications peuvent servir d’exemple dans l’emploi du français des affaires et de la technique.

Voilà pourquoi Annick Guerne, secrétaire du comité du vocabulaire, et moi-même avons reçu une coupe au nom de la compagnie. Outre la direction, nous représentions nos collègues du comité, ceux du centre de francisation, ceux des communications internes et tous ceux qui s’appliquent, chacun dans son domaine, à faire de notre langue un outil de communication compétitif, capable de décrire tous les concepts et les objets contemporains. Ouvrant la première réunion du Conseil supérieur de la langue française, le 24 octobre, le premier ministre a déclaré : "Nous avons besoin d’un français de notre temps." Il y faut de la réflexion, de l’érudition, de la rapidité et une bonne dose d’entêtement.

G.S.G.

(À Propos, de décembre 1989 : publication interne à IBM France)

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