PLUS DE "SPONSORS" POUR LES LYCÉENS :
LES "PARRAINS" LES REMPLACENT



Dans les lycées, on ne dit plus "marketing" mais "mercatique". Finis aussi les "sponsors" : on préfère les "parrains" ou encore les "parraineurs". Le "discount" n'est plus de mise dans le nouveau langage commercial : on traduit par la vente à prix réduit. Et à "royalties", on doit désormais préférer "redevances".

Voilà les nouveaux termes très français qu'on utilise aujourd'hui dans les filières économiques, commerciales et de gestion des lycées et des sections de techniciens supérieurs. Le très sérieux ministère de l'Économie et des Finances veut accélérer cette francisation du vocabulaire économique et financier. Avec les inspections pédagogiques régionales en économie et gestion, il a lancé la coupe du français des affaires.

Ce jeu-concours est ouvert à partir des classes de première des filières gestion et commerce (séries G), informatique, hôtellerie et tourisme. Sans oublier les BTS. Là où on emploie le plus souvent les mots anglais.

Hier, dans onze académies, 31 000 lycéens et étudiants volontaires se sont amusés à traduire, en bon français, des expressions un peu trop américanisées du langage courant des affaires et de la finance. Avec 3 620 candidats, la Bretagne a pris la tête de cette compétition, suivie de près par l'académie de Nantes (3 000 jeunes volontaires). Les lauréats seront connus début juin. C'est un peu la dictée du ministère des Finances.

"Les mots anglais passent mieux" : au lycée Bréquigny (Rennes), dans cette classe de terminale G3 (commerce), les élèves apprécient l'initiative: "On a enrichi notre vocabulaire en français". Tous trouvent pourtant plus facile d'utiliser l'anglais. "Les mots anglais passent mieux", assurent-ils. Un garçon avoue son scepticisme "Dans les entreprises, on utilise davantage les termes américains et anglais que français".

"Par snobisme ou par mode, on se laisse aller à utiliser des mots anglais, dont on ne connaît pas toujours la signification précise", constate Daniel Koch, inspecteur pédagogique d'économie en Bretagne. "Si le français comporte des termes équivalents, il convient de s'attacher à les faire prévaloir. Par amour des mots et par respect pour la culture française. Nous ne sommes surtout pas contre l'anglais", poursuit-il.

Pour preuve : l'académie française accepte les drugstores. Mais on doit prononcer management à la française. En revanche, on a créé un mot nouveau pour remplacer "mailing" : publi-postage. Les lycéens de Bréquigny, eux, ont tous buté sur "fax" (une télécopie), pourtant très à la mode chez les secrétaires et les chefs d'entreprises.

"Plus on se comprend, mieux les affaires marchent", conclut Daniel Koch.

Joël CRUSSON.

(Ouest-France des 3 et 4 mars 1990)

Sommaire des articles de presse de 1990
Sommaire de la revue de presse
Sommaire du Mot d'Or
Sommaire général