COUPE FRANCOPHONE DES AFFAIRES :
LA "SUPER-GAGNANTE" IRA À PARIS

Hier, au Lycée Leconte de Lisle de Saint-Denis, les lauréats de la coupe francophone des affaires ont reçu leur récompense. Un concours destiné à promouvoir les expressions françaises dans les domaines économique et financier. Sonia Soba, lycéenne en 1ère G à Saint-Benoît, empoche le premier prix et sera à Paris le 22 octobre pour y représenter la Réunion à l’occasion du "Mot d’Or" 92.

Pauvre langue française... Elle qui, il n’y a pas encore si longtemps de cela, était parlée dans de multiples pays du monde, se retrouve désormais en mauvaise posture face à la langue anglaise. Le pire, c'est que le français a même été contaminé par l'anglais. Surtout dans le monde du commerce et des affaires. En riposte, le gouvernement a pris plusieurs arrêtés ministériels (novembre 73, février 87, janvier 89 et janvier 90) qui consacrent l’usage obligatoire, dans les documents officiels et les ouvrages d’enseignement, d’un certain nombre d’expressions ou termes économiques dont la plupart constituent la traduction française de ces termes étrangers, essentiellement anglais.

Le dernier en date, celui du 30 septembre 91, est relatif à la terminologie économique et financière et a été co-signé par les ministres de l’Éducation nationale et de l’Économie, des Finances et du Budget. Arrêté qui résulte des récents travaux de la commission de terminologie du ministère de l’Économie. Ces vingt-sept mots nouveaux portent à plus de deux cents le nombre de néologismes introduits dans la langue française.

Si des mots comme mercatique et parrainage, en remplacement de marketing et sponsoring, sont relativement bien passés dans les mœurs, d’autres le sont moins. En raison d’ailleurs de leur caractère technique, ils sont peu usités par le grand public. Ainsi, pour les spécialistes, on ne dit plus treaty shopping, mais "chalandage fiscal", ni market making pour "tenue de marché", ou encore primary dealer au lieu de "spécialiste en valeurs du trésor".

SEIZE LAURÉATS

A côté de ces recherches linguistiques, un concours a été créé pour mettre en valeur tous ces nouveaux mots de la langue française : le "mot d’or", né de la coupe du français des affaires fondée en 88 par l’académie d’Orléans-Tours et de la coupe francophone des affaires, lancée en 91. En tout, ce sont 18 académies métropolitaines, et 20 pays étrangers et départements d’outre-mer qui participent.

Cette année, la Réunion organisait pour la seconde fois consécutive la coupe francophone des affaires. Concouraient donc les élèves de G et les étudiants des BTS tertiaires. Soit, pour vingt classes réparties sur huit lycées, près de 600 jeunes.

Les épreuves se sont déroulées le 17 mars dernier. Une date qui ne doit rien au hasard puisqu’elle correspond à la journée de la francophonie. Là, pendant une heure, chaque participant s’est penché sur les trois parties du concours : traduire des mots techniques anglais en français, rédiger un petit texte sur une démarche mercatique, et proposer des équivalents pour des expressions ou termes anglais pas encore officiellement traduits.

"Le but est de promouvoir les expressions du français d’affaire ", souligne Norbert Hoarau, inspecteur pédagogique régional en économie et gestion, et délégué local de I’APFA (Actions pour promouvoir le français des affaires), association chargée de l’organisation du concours.

Hier, dans les locaux du lycée Leconte de Lisle, les 16 lauréats, deux par lycée, de la coupe francophone des affaires ont reçus leur prix. Mais c’est Sonla Soba, en 1ère G du lycée Amiral Bouvet de Saint-Benoît, qui décroche le gros lot. Super-gagnante. du concours, elle ira représenter la Réunion à Paris le 22 octobre prochain pour la remise des récompenses du "mot d’or" 92.

O.D.

(Le Quotidien de la Réunion, vendredi 17 juillet 1992)

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