COUPE FRANCOPHONE DES AFFAIRES

Jessica Julie ira à Paris

Le 16 mars dernier, jour de la francophonie, avait lieu le concours de la coupe francophone des affaires : 840 jeunes de l'île, en formation G dans le secondaire ou en BTS tertiaire, ont planché pour défendre et illustrer la langue française contre l’envahissement anglais. Jessica Julie, en terminale G3 au lycée des Avirons, s’est distinguée devant ses camarades : elle a gagné un sejour à Paris.

La langue française menacée d’envahissement par l’anglais ? L’idée n’est pas nouvelle. Voici vingt ans que les "self made-man", "marketing" et autres termes barbaresques, venus de la perfide Albion ou de la patrie de l’oncle Sam, parasitent notre belle langue française. Que ce soient les mots de notre vie quotidienne, ou le langage des "affairistes", se taillant la part du lion dans les échanges commerciaux. On a même vu apparaître le spectre du "franglais", un idiome mi chair, mi poisson!

Défense et illustration du Français

Une association de purs et chevaleresques défenseurs du beau langage s’est portée au secours du Français bien de chez nous. L’APFA, Actions pour Promouvoir le Français des Affaires, se bat pour que l’anglais ne règne plus en maître dans le domaine du commerce. Ou plutôt, défend l’idée qu’on peut trouver des équivalents français tout à fait adaptés pour des termes qu’on ne traduisait pas jusque là par facilité. Sa devise (et non son "slogan") : "Pour l’amour des mots, la passion de l’action efficace, l’avenir de chaque culture." Elle suit en cela la politique du gouvernement, qui a désigné une commission ministérielle prenant des arrêtés relatifs à la terminologie économique et financière. C’est ainsi, grâce à des arrêtés publiés dans le Journal officiel, que "spin off"(possibilité pour les salariés d’une entreprise de fonder leur propre société) est devenu "essaimage", "walk-man" "baladeur", "pin’s", "épinglette", "leasing", "crédit-bail", etc. Grâce à ces arrêtés, les organismes officiels, les banques, les radios et télévisions d’État, les ouvrages d’enseignement, sont tenus d’utiliser les équivalents français plutôt que les mots anglais si tentants...

Le Mot d’Or

Depuis 3 ans, l’AFPA organise la Coupe du français des affaires, ou "Mot d’Or", par le biais de l’inspection pédagogique régionale d’économie et de gestion. Ce concours, à l’intention des élèves des classes de la filière G ou en BTS tertiaires (Force de vente, Communication et action publicitaires, etc.) Donne l’occasion à des jeunes destinés à des carrières commerciales de traduire un texte truffé d’expressions anglaises. Enfin, ils doivent proposer la traduction d’un terme non traduit de l’anglais jusque là, inventant un mot nouveau. Cette année, 22 professeurs de 28 classes du département ont fait participer 840 élèves. Jessica Julie a tiré l’épingle du jeu. Hier, au lycée Leconte-Delisle, elle s’est vue remettre par M. Norbert Hoarau, inspecteur pédagogique régional, en présence de M. Picque, président de la CAMIF, son billet d’avion pour Paris, qui lui permettra le 20 octobre de participer à la remise des prix des lauréats. Ils sont en effet des milliers, originaires de 20 académies métropolitaines, des DOM, des TOM, mais aussi d’Afrique francophone, du Canada et même d’Europe de l’Est, à avoir participé au "Mot d’Or". Jessica, 18 ans, qui vient de passer son bac, s’est avouée étonnée mais contente d’avoir gagné : c’est la première fois qu’elle se rend en métropole. Devinez à quoi elle se destine ? "L’année prochaine, je vais préparer un DEUG de Français."

J.V.

Le mot juste

Ne dites pas "marketing", mais "mercatique",
ne dites pas "phone marketing" mais "mercaphonie",
ne dites pas "discounter", mais "discompteur ou mini-margeur ",
ne dites pas "digital" mais "numérique",
ne dites pas "facsimilé", mais "télécopie",
ne dites pas "fax" mais télécopieur",
ne dites pas "dispatching"mais "répartition",
ne dites pas "feedback", mais "rétroaction",
ne dites pas "franchising"mais "franchisage",
ne dites pas "hard discounter" mais "superdiscompteur",
ne dites pas "hit-parade"mais "palmarès",
ne dites pas "interview" mais "entretien",
ne dites pas "jingle" mais "sonal",
ne dites pas "joint venture"mais "coentreprise",
ne dites pas "kit" mais "prêt à monter",
ne dites pas "leasing" mais "location avec option d’achat" (LOA),
ne dites pas "listing" mais "listage",
ne dites pas "lobby" mais "groupe de pression",
ne dites pas "packaging"mais "conditionnement",
ne dites pas "partnership"mais "société de personnes",
ne dites pas "show-room"mais "magasin d’exposition", "expovente",
ne dites pas "story-board"mais "scénarimage",
ne dites pas "timing" mais "calendrier",
ne dites pas "tour-operator"mais "voyagiste",
ne dites pas "trust" mais "fiducie" et pas "trustee"mais "fiduciaire",
ne dites pas "vente discount"mais "vente à prix réduit",
ne dites pas "venture capital" mais "capital risque",
et enfin, ne dites pas "walkman" (marque déposée) mais "baladeur".

Jessica Julie, en terminale G3 au lycée des Avirons, ira à Paris en octobre.

(Le Quotidien de la Réunion, 23 juillet 1993)

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