LE MOT D’OR 1997

LE FRANÇAIS DES AFFAIRES

Le Mot d'Or 1997 s’est déroulé le 18 mars dernier, dans le cadre de la journée mondiale de la francophonie. Le Mot d’Or est né en 1988 dans l’Académie d’Orléans-Tours, en France, à l’initiative de Jean-Marcel Lauginie, président de I’APFA (Actions pour promouvoir le français des affaires) Dans le monde des affaires, réputé pour être le plus hermétique à la francophonie et le plus ouvert à la langue anglo-saxonne, il a lancé un défi "impossible à tenir" disaient certains. Et pourtant, ce "Mot d’Or", qui regroupe la "coupe francophone des affaires" pour les francophones, et la "coupe du français des affaires" pour les francisants, voit son succès grandir d’année en année. Le défi est non seulement relevé, mais c’est un franc succès.

Les Mots d’Or saluent la volonté d’entreprendre fondée sur la maîtrise des concepts, des techniques et du vocabulaire des affaires en français et dans chaque langue maternelle.

LA CHINE, LA FINLANDE, LA RUSSIE... ENTRENT EN LICE

Le 18 mars 1997, ils étaient 37 037 candidats (dont 29 789 en Métropole) élèves et étudiants en économie, en gestion et en français des affaires issus de 36 pays, à plancher sur la redoutable épreuve du Mot d’Or. Ils sont 5 000 de plus qu’en 96 avec 10 nouveaux pays. Pour les candidats de formation tertiaire en économie et gestion, l’épreuve comprend trois niveaux (initiation, approfondissement, spécialisation) subdivisée en 4 parties : donner un mot ou une expression de la langue des affaires dont la définition est fournie ; remplacer dans un texte des mots étrangers ou relevant du franglais par des équivalents français ; chercher des mots nouveaux pour des concepts nouveaux ; quant à la dernière épreuve, elle est la plus originale et la plus spectaculaire car elle met en fusion l’imagination des candidats : savoir entreprendre en français en présentant, en une dizaine de lignes, un projet réaliste de création d’entreprise.

Les 4 400 lauréats seront tous récompensés, mais seuls les meilleurs seront invités à Paris pour la cérémonie officielle de la remise des "Mots d’Or". L’Empire du Milieu, pour sa première, a présenté 47 candidats, le Canada 50 et le Québec 70. Le lauréat Zhang Xiang Rong, qui représentera la Chine à Paris, est étudiant de l’Université d’études internationales de Shanghai. La Finlande a présenté pour la première fois 270 candidats ; la lauréate, Mia Pelkonen, est étudiante à l’École supérieure de commerce d’Helsinki. La Russie et le Danemark sont aussi entrés en lice pour la première fois. En Afrique, c’est la Côte d’ivoire qui arrive en tête avec 1 430 candidats contre 850 au Gabon, 200 au Maroc, 150 au Sénégal ou 40 en Egypte.

DES MOTS D’OR AUX PROFESSIONNELS

Il faut savoir que le Mot d’Or est attribué non seulement au monde estudiantin, mais aussi au monde professionnel. Les professionnels sont évalués au travers de leurs actions. C’est ainsi que l’on a vu, en 1996, le Mot d’Or spécialisé attribué à Mme Dimitrova, de l’université de Varna, pour son dictionnaire français-bulgare 700 termes d’aujourd’hui pour les affaires ; à J.-C. Gilardi pour un dictionnaire de mercatique (Ed. Foucher) ; à J.P. Péroncel--Hugoz pour le meilleur article sur la langue française "Le français à mots ouverts" (Le Monde - 30/07/96) ; aux Automobiles Citroën pour la meilleure dénomination "MULTISPACE", etc. Le premier "Mercaticien d’Or" fut remis, en 1996, au directeur général des Laboratoires Beaufour-Ipsen international. Ce Mercaticien d’Or fut créé pour honorer un responsable d’entreprise qui a fait le choix de "vivre l’aventure du français dans une stratégie de plurilinguisme." Quel est le chef d’entreprise qui mériterait de l’obtenir ? Pourquoi pas Monsieur Gérard Pélisson, président du groupe ACCOR, qui récompense ses employés qui parlent en français dans les hôtels implantés dans les pays étrangers, sans négliger la langue du pays. En l’occurrence, l’exemple fut donné pour le Vietnam.

L’ÉTAT ET L’AVENIR DU FRANÇAIS DES AFFAIRES DANS LE MONDE

Lors de la 10e journée des affaires, il sera établi un bilan et des perspectives d’avenir quant à la pratique du français des affaires, faisant suite à une enquête organisée par l’APFA, en collaboration avec le ministère de la coopération, sur un audit de 200 personnes.

La première partie porte sur les entreprises, la deuxième repère l’édition sur les entreprises et la troisième partie traite de l’enseignement du français des affaires.

Ainsi, vous pourrez connaître le pourcentage d’entreprises françaises qui emploient la langue française lors d’un achat ou d’une vente ; idem pour celles qui emploient la langue du pays d’accueil ou qui utilisent les services d’un interprète, ou encore qui rédigent les contrats commerciaux en français et dans la langue du pays d’accueil. Une autre question intéressante concerne l’emploi de la langue française et de la langue du pays d’accueil dans les documentations techniques, promotionnelles et publicitaires lors des salons professionnels. Le dernier point évoqué va dans le sens du respect de la loi du 4 août 1994. Ce questionnaire est globalement très précis et très complet.

LES MOTS NOUVEAUX SONT ARRIVÉS !

Les mots nouveaux des affaires sont arrivés, ils sont plus de 700, parmi lesquels on peut citer : listage pour listing, bouteur pour bulldozer, jardinerie pour garden-center, affacturage pour factoring, crédit-bail pour leasing. portage pour piggy back, etc. D’autres mots récents tels mercatique (extrait du mot mercatus, le marché) pour marketing, voyagiste pour tour-operator, stylique pour design...

"70 MOTS-CLEFS DES AFFAIRES EN 20 LANGUES"

Grâce à l’engagement et à la ténacité des membres de l’APFA et au soutien de la Délégation générale à la langue française, les "70 mots clés des affaires en 20 langues" ont vu le jour. Le chinois et le vietnamien ont accroché leur wagon au train prévu en 18 langues (allemand, anglais, arabe, bulgare. danois, espagnol, français, grec, hongrois, italien, japonais, néerlandais. polonais, portugais, roumain, russe, suédois, tchèque), qui constitua l’édition précédente. Cette première édition en 20 langues est éditée chez Foucher.

Si l’allemand n’a pas de correspondant à chevalier noir (black knight en anglais), en revanche, le mot client se dit de la même façon dans 10 des langues retenues, avec une graphie qui varie quelque peu. Entre autres, en bulgare, en polonais et en russe, Client s’écrit "klient" ; en espagnol, en portugais et en italien, "cliente" ; en néerlandais "client" ; en roumain il s’écrit comme en français. La particularité en anglais est que les mots client et contrat sont exceptionnellement à rallonge "customer client" et "agreement contract". Le mot contrat se dit également à l’identique ou assimilé dans neuf langues.

En cette année du Sommet de Hanoi, placé sous le signe de l’économie, il est tout indiqué de les traduire en vietnamien : khach hàng et hop dong. Si le Sommet pouvait influer, entre autres, sur le monde des affaires en français, la Francophonie aurait accompli sa mission.

"Le Mot d’Or honore les personnes engagées dans la promotion de notre langue et des cultures du monde. Pour l’amour des mots, la passion de l’action efficace, c’est la raison d’être de l’association "Actions pour promouvoir le français des affaires".

Marie-Aimée RANDOT-SCHELL

(L’Année francophone Internationale 1998)

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