COUPE "LE MOT D’OR" 2004 : corrigé indicatif

1ère partie :

Le correcteur privilégiera les réponses qui fournissent des néologismes suggestifs et respectant les modes de formation des mots. Il se souviendra de ce qu'écrivait le grand poète Ronsard qui acceptait "les vocables nouveaux pourvu qu'ils soient moulés et façonnés sur un patron déjà reçu du peuple".

La qualité de la justification doit également être prise en compte.

Voici des exemples de réponses possibles :

a) blogue,
b) parrainage,
c) client papillon.

2ème partie :

Forme de commerce mondial assurant une juste rémunération des petits producteurs des pays en voie de développement Commerce équitable
Moteur de recherche spécialisé dans les sites de commerce électronique, capable d'interroger simultanément plusieurs boutiques en ligne afin de trouver l'article recherché au meilleur prix Dénicheur ou comparateur de prix
Système économique qui accorde un rôle central aux mécanismes du marché pour réguler l'activité économique Économie de marché
Jeune entreprise innovante et dynamique, à croissance rapide, exerçant le plus souvent son activité dans un secteur de pointe Jeune pousse
Adaptation d'un produit fabriqué en série aux exigences particulières d'un client Personnalisation
Organisme de solidarité sociale (assurance, prévoyance) financé par les cotisations de ses membres Mutuelle
Se dit, par opposition à "analogique", de la représentation de données au moyen de chiffres et aussi des systèmes, dispositifs ou procédés employant ce mode de représentation Numérique
Support destiné à mettre en valeur des produits exposés dans un magasin Présentoir
Petit dispositif de commande, tenu à la main et connecté à un ordinateur, dont le déplacement sur une surface entraîne le déplacement d'un repère sur l'écran Souris
Logiciel gérant un ordinateur, indépendant des programmes d'application mais indispensable à leur mise en œuvre Système d'exploitation
Ensemble des études et des techniques de conception et de mise en œuvre des machines automatiques Robotique
Capital investi, avec des gains potentiels élevés et des risques importants, sous la forme de prises de participations dans des entreprises œuvrant dans des techniques de pointe, sur des idées nouvelles et sur des marchés risqués Capital-risque
Discipline relative au traitement informatique des connaissances et du raisonnement par la réalisation de logiciels capables de reproduire certains aspects de l'activité intelligente humaine Intelligence artificielle
Paiement anticipé et partiel à valoir sur le montant d'une somme due Acompte
Actif immobilisé n'ayant pas d'existence physique (brevet, licence...) Actif incorporel
Versement obligatoire effectué par les employeurs et les salariés pour financer la protection sociale Cotisation sociale
Réduction des coûts unitaires par une augmentation de la production et une meilleure répartition des coûts fixes Économie d'échelle
Élément de rémunération destiné à rembourser des dépenses liées à l'exercice d'une profession ou à l'exécution d'un travail Indemnité
Marché des capitaux à court et à moyen terme (par opposition au marché financier des capitaux à long terme) Marché monétaire
Dépréciation d'un matériel résultant d'un vieillissement dû au progrès technique Obsolescence

3ème partie (corrigé du sujet de la Coupe francophone des affaires)  :

Liste indicative d'équivalents possibles dans le contexte donné (tous les anglicismes composés ont été écrits avec des traits d’union, conformément aux habitudes des dictionnaires français, bien que cela ne soit d’usage en anglais que pour les adjectifs) :

self-made-man : autodidacte
businessman : homme d'affaires
market-driven : à l'écoute du marché
deal : accord
partnership : partenariat
comarketing : cocommercialisation, comercatique
cobranding : alliance de marques, cogriffage
compétiteur : concurrent
joint-venture : coentreprise
hard-discount : maxidiscompte
dumping : vente à perte
cash-flow : capacité d'autofinancement, marge brute d'autofinancement
lobbying : pressions, actions pour influencer
consumer-magazine : revue de consommateurs
cocooning : cocounage, coconage (repli sur une consommation domestique)
designer : styliste
rush : ruée
home-center : maisonnerie
kitchenette : cuisinette
made in France : fabriqué en France
flagship : produit phare, produit vedette
brain-trust : groupe de conseillers
sparring-partner : fournisseur d'idées
catalogue outdoor : catalogue du plein air
infomercial : publireportage
customer-magazine : magazine promotionnel
merchandising : marchandisage
marketing olfactif : mercatique olfactive
shopping-fever : fièvre d'achat
cherry-picker : client butineur, client picoreur, client grapilleur
obsessive-shopping : achat obsessionnel
scoop : information en primeur (ou en exclusivité), primeur, exclusivité
product-manager : chef de produit
debriefing : réunion de bilan
paper-board: tableau de papier
brand-stratégie : stratégie de marque
yes-man : béni-oui-oui
feed-back : retour d'information
adresse e-mail : adresse de courrier électronique
mail : message
Net : Internet
e-commerce : commerce en ligne, cybercommerce, commerce électronique
on-line : en ligne
téléshopping : téléachat
niche marketing : créneau (mercatique)
Web : Toile
success-story : réussite ("histoire d'une réussite" lorsqu'il s'agit d'un genre littéraire)
e-business-manager : responsable du commerce électronique
know-how : savoir-faire, compétence, expérience
business-history : histoire de l'entreprise
business-ethics : éthique des affaires
sponsoriser : parrainer
fair-trade : commerce équitable
merchandiser : présentoir
facing : frontal, frontale
superstore : grande surface
press-kit : dossier de presse
charity-business : industrie de l'humanitaire
charity-promotion : promotion par l'argument charitable

Pour ceux qui maîtrisent mal le jargon des anglomanes, voici le texte transposé dans une langue débarrassée des emprunts abusifs à l'anglais américain :

Autodidacte et homme d'affaires habile, très à l'écoute du marché, Arthur venait de conclure un excellent accord de partenariat portant sur la cocommercialisation et l'alliance de marques avec son concurrent le plus agressif. Sans aller jusqu'à la coentreprise, il espérait éviter ainsi le recours au maxidiscompte et à la vente à perte et améliorer sa capacité d'autofinancement. Leurs pressions sur les pouvoirs publics avaient été dénoncées par les revues de consommateurs. Heureusement que la mode du cocounage et le talent de ses stylistes allaient provoquer une ruée des clients dans ses maisonneries. Les nouvelles cuisinettes, fabriquées en France, allaient être leur produit phare.

Son groupe de conseillers, qui lui servait de fournisseur d'idées, lui avait conseillé un catalogue du plein air, un publireportage, un magazine promotionnel ainsi que plusieurs idées de marchandisage et de mercatique olfactive capables de donner la fièvre d'achat même à des clients butineurs et de les conduire à pratiquer l'achat obsessionnel. Il donna cette information en primeur à ses chefs de produit lors de la réunion de bilan mensuelle, en leur présentant au tableau de papier sa nouvelle stratégie de marque et en leur rappelant qu'il n'aimait pas les béni-oui-oui et qu'il attendait un retour d'information. Il leur rappela son adresse de courrier électronique et son exigence de messages hebdomadaires.

Le succès d'Internet lui faisait envisager aussi le cybercommerce pour proposer en ligne certains produits au téléachat. Il y avait là un créneau mercatique sur la Toile qui pourrait bien se transformer en une réussite. Il allait embaucher un responsable du commerce électronique ayant un bon savoir-faire dans ce domaine.

Pour agrémenter l'histoire de son entreprise et pour se faire pardonner quelques entorses à l'éthique des affaires, il avait décidé de parrainer un réseau de développement du commerce équitable en lui accordant un présentoir au frontal bien visible dans chacune de ses grandes surfaces. Il faisait préparer un dossier de presse pour informer les médias. On ne pourrait pas parler d'industrie de l'humanitaire, mais tout au plus de promotion par l'argument charitable.

4ème partie (origines étymologiques) :

Boutique :

Réponse : boticle (ancien français)...

mais aussi, de manière indirecte, le mot grec apothêkê, prononcé aujourd'hui "apotiki", qui désignait (et désigne toujours) un lieu de dépôt, un magasin de vivres ou d'approvisionnements, un cellier, une cave, et qui est devenu en latin apotheca en gardant le même sens. L'évolution des langues romanes a fait disparaître le a initial et a transformé la consonne sourde p en consonne sonore b. Le mot latin apotheca est ainsi devenu en italien bottega (boutique, magasin, mais aussi atelier), en occitan botica (mais on rencontre aussi botiga et boutigo), en espagnol botica (pharmacie, boutique) et bodega (cave, cellier), en catalan botiga (magasin, boutique) et bodega (cale d'un navire), en français ancien boticle puis bouticle et en français moderne boutique.

On peut retracer l'évolution suivante conduisant au mot français actuel : apothêkê (grec) est devenu apotheca en latin puis botica en provençal. Ce mot a été repris en vieux français sous les formes boticle puis bouticle et est devenu boutique en français moderne.

Remarquons que l'allemand a repris la forme grecque pour désigner une pharmacie (apotheke).

Ordinateur :

Réponse : ordinateur (ancien français)...

Mais si ordinateur a bien pour étymologie le mot ordinateur de l'ancien français, celui-ci provient lui-même de l'évolution du mot latin ordinator. Ordinateur avait autrefois le sens d'ordonnateur, personne qui dispose, qui règle selon un ordre. Dans l'Église catholique, il avait aussi le sens d'ordinant, celui qui confère un ordre ecclésiastique.

En 1954, la société IBM France voulait trouver un nom français pour sa nouvelle machine électronique destinée au traitement de l'information (IBM 650), en évitant d'utiliser la traduction littérale du mot anglais "computer" ("calculateur" ou "calculatrice"), qui était à cette époque plutôt réservé aux machines scientifiques. Aux États-Unis, les nouvelles machines de traitement automatique de l'information (capables de faire aussi du traitement de texte, du dessin, etc.) étaient appelées "electronic data processing systems" (EDPS) ou "data processing machines".

Un cadre de la société conseilla de consulter un de ses anciens professeurs, Jacques Perret, titulaire de la chaire de philologie latine à la Sorbonne. Le professeur Perret répondit par une lettre du 16 avril 1955, dont la lecture donne un exemple intéressant de recherche terminologique :

Que diriez vous d'"ordinateur" ? C'est un mot correctement formé, qui se trouve même dans le Littré comme adjectif désignant Dieu qui met de l'ordre dans le monde. Un mot de ce genre a l'avantage de donner aisément un verbe, "ordiner", un nom d'action, "ordination". L'inconvénient est que "ordination" désigne une cérémonie religieuse ; mais les deux champs de signification (religion et comptabilité) sont si éloignés et la cérémonie d'ordination connue, je crois, de si peu de personnes que l'inconvénient est peut-être mineur. D'ailleurs votre machine serait "ordinateur" (et non ordination) et ce mot est tout a fait sorti de l'usage théologique.

"Systémateur" serait un néologisme, mais qui ne me paraît pas offensant ; il permet "systémation" ; mais "systémer" ne me semble guère utilisable.

"Combinateur" a l'inconvénient du sens péjoratif de "combine" ; "combiner" est usuel, donc peu capable de devenir technique ; "combination" ne me paraît guère viable à cause de la proximité de "combinaison". Mais les Allemands ont bien leurs "combinats" (sorte de trusts, je crois), si bien que le mot aurait peut-être des possibilités autres que celles qu'évoque "combine".

"Congesteur", "digesteur" évoquent trop "congestion" et "digestion"

"Synthétiseur" ne me paraît pas un mot assez neuf pour designer un objet spécifique, déterminé comme votre machine.

En relisant les brochures que vous m'avez données, je vois que plusieurs de vos appareils sont désignés par des noms d'agents féminins (trieuse, tabulatrice). "Ordinatrice" serait parfaitement possible et aurait même l'avantage de séparer plus encore votre machine du vocabulaire de la théologie.

Il y a possibilité aussi d'ajouter à un nom d'agent un complément :

"ordinatrice d'éléments complexes" ou un élément de composition, par ex. "sélecto-systémateur". "Sélecto-ordinateur" a l'inconvénient de deux "o" en hiatus, comme "électro-ordinatrice".

Il me semble que je pencherais pour "ordinatrice électronique"...


IBM France retint le mot ordinateur et chercha au début à protéger ce nom comme une marque. Mais le mot fut facilement et rapidement adopté par les utilisateurs et IBM France décida au bout de quelques mois de le laisser dans le domaine public.

On peut certes épiloguer sur le choix du terme : un ordinateur met-il vraiment en ordre ce qu'on lui confie ? De ce point de vue, ce choix n'est pas plus critiquable que celui du mot "computer", finalement retenu en anglais (un ordinateur n'est pas seulement une machine à calculer). L'avantage du mot ordinateur est que son sens ancien et son sens religieux ne sont pas connus par la plupart des utilisateurs et qu'il est donc sans ambiguïté pour eux.

Le mot a d'ailleurs été transposé en espagnol (ordenador) et en catalan (ordinador). Les autres langues romanes ont choisi de construire un néologisme à partir des mots latins calculator et computator : computadora en espagnol d'Amérique latine, calcolatore en italien, computador en portugais et calculator en roumain.

5ème partie (présentation du projet) :

Le correcteur doit tenir compte à la fois de l'originalité et du réalisme du projet et de la qualité de l'exposé, notamment dans l'utilisation de la langue française.

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