LE MOT D'OR 2008

COUPE DU VOCABULAIRE DES AFFAIRES EN FRANÇAIS ET DANS D'AUTRES LANGUES


Épreuve proposée au grand public


Semaine de la langue française

Vendredi 21 et samedi 22 mars 2008

Identification du participant :

Nom (en majuscules accentuées) :

Prénom :

Adresse :

Les organisateurs de la Coupe "LE MOT D'OR" vous remercient et vous félicitent d'affirmer, par votre participation, votre volonté d'entreprendre marquée par le souci d'une bonne maîtrise du vocabulaire des affaires, dans votre langue maternelle et en français.

SUJET
(le corrigé est donné en vert)

Le sujet comporte trois parties indépendantes. Les réponses doivent être portées sur le sujet lui-même qui sera remis aux organisateurs en fin d'épreuve.

1ère partie :

Texte de la dictée :

Quentin, directeur de la mercatique d’un fabricant d’appareils électroménagers, quitta le salon professionnel qu’il venait de visiter et se dirigea vers un centre automobile pour faire le plein de biogazole, acheter un éthylomètre et faire vérifier ses sacs gonflables et son ABS (antiblocage de sécurité). Il était devenu très prudent depuis qu’un aquaplanage avait failli lui faire renverser un motard. Son patron lui avait donné ses instructions la veille car il devait rencontrer le soir un cadre de direction d’une entreprise de l’agroalimentaire pour lui proposer une alliance de marques portant sur une série d’appareils courants (mélangeur, batteur, grille-pain…) auxquels des stylistes habiles avaient donné un aspect de haute technicité pour qu’ils aient l’apparence de produits haut de gamme destinés aux privilégiés.

Grâce au service de veille au marché que Quentin, très à l’écoute du client, avait mis en place pour détecter à temps les nouvelles motivations d’achat, notamment en cas d’achat plaisir, le chef de produit avait pu faire adapter en temps réel l’esthétique des produits pour occuper ce créneau mercatique. La valeur unitaire des articles ne justifiait pas le démarchage téléphonique ou le porte-à-porte. Utilisateur lui-même de la Toile, Quentin avait eu l’idée d’un aguichage par bouche-à-oreille électronique sur les forums. Il avait chargé de l’opération l’administrateur du site sur la Toile de l’entreprise, fouineur et spécialiste du bouche-à-oreille pendant ses loisirs. Les nouveaux appareils étaient ainsi devenus les produits vedettes, les porte-drapeaux et les vaches à lait de l’entreprise, sans recours à la vente agressive et aux avantages chocs.

L’entreprise de Quentin pratiquait le commerce en ligne avec une clientèle d’internautes et avait recouru à la délocalisation. Elle n’était cependant pas devenue un simple distributeur en ligne mais était une entreprise traditionnelle acclimatée à la Toile. En attendant sa voiture, il entra dans un magasin spécialisé qui avait la réputation d’être un maxidiscompteur et même un casseur de prix. Il fut étonné de trouver un de ses appareils dans un emplacement promotionnel avec une vidéo promo bien faite, mais à un prix qui sentait la vente à perte. Ce n’était pas bon pour l’image de l’entreprise. Jouant au faux client, il interrogea un assistant de clientèle sur les autres appareils. Il fut rassuré car leurs prix relevaient plus du prix en trompe-l’œil que du vrai prix réduit


Définitions de trois termes pris dans la dictée (pour les non francophones, proposition d'un équivalent dans la langue maternelle pour chacun de ces trois termes) :

alliance de marques :

Réponse : alliance entre marques commerciales. Il s’agit de l’association de deux ou plusieurs marques pour la commercialisation et la publicité d’un produit ou d’une gamme de produits. Exemple : Packard Bell, Intel et Microsoft pour des ordinateurs. On dit aussi cogriffage.

créneau mercatique :

Réponse : petit segment de marché comportant un nombre d’offreurs restreint impliquant une faible concurrence et une clientèle réduite mais suffisante. Cela peut concerner de nouveaux produits encore peu vulgarisés ou des produits passés de mode qui conservent néanmoins une petite clientèle fidèle. On rencontre aussi l’expression "niche mercatique".

prix en trompe-l’œil :

Réponse : prix de vente d'un produit fixé juste au-dessous du prix arrondi (9,99 €, 19,99 € par exemple).

2ème partie : Imaginez un terme pour désigner l’usage par le client d'un automate de caisse qui lui permet d'établir sa facture et de payer ses achats. Ce système se répand rapidement car il est intéressant pour le distributeur, dont il réduit les frais de personnel, et pour le client, car il diminue les files d’attente aux heures d’affluence en permettant d’ouvrir de nouvelles lignes de caisses en plus des caisses traditionnelles. Il permet en outre d’afficher une image d’innovation technique auprès de la clientèle.

Exemples de réponse : encaissement en libre service, caisse en libre service, libre scannage, etc.

3ème partie : choisissez, en mettant une croix dans la case correspondante, l’origine étymologique qui vous semble être la bonne pour le mot & (dit « et commercial », esperluette ou perluète) :

et (latin) : même sens qu’en français
épeler et pirouette (français) : jeu de mot enfantin
perna et sphærula (latin) : jambe et petite sphère
ète (français) : dernière lettre de l’alphabet

Vous pouvez expliciter votre réponse.

Réponse : et (latin).

Et (latin) est la seule réponse sûre pour expliquer l’origine du signe &. Mais chacune des trois autres a ses partisans pour expliquer la formation des mots esperluette, esperluète ou perluète.

Le signe & résulte de la ligature des lettres e et t pour abréger l’écriture du mot et. Ce symbole, dont la forme a varié au cours du temps et varie encore selon les polices de caractères utilisées était déjà utilisé à l’époque romaine. On en attribue l’invention à Tiron (Marcus Tullius Tiro), secrétaire de Cicéron et auteur d’une méthode de sténographie (les "notes tironiennes") qui a été utilisée jusqu’à la fin du 15e siècle. Mais ce sont les calligraphes du Moyen Âge qui lui ont donné une forme voisine de celle que nous connaissons.

Ce signe, très utilisé autrefois, ne l’est plus aujourd’hui en français que dans le domaine commercial, dans les raisons sociales ("Sciences & Vie", "Nature & Découvertes", "Auber & Duval"…). Son usage est un peu plus général en anglais. Cela explique son nom de "et commercial". On le retrouve d’ailleurs, sous une appellation similaire, dans la plupart des langues pour désigner la conjonction de coordination correspondant au et français : ampersand en anglais, e comercial en portugais, e commerciale en italien, en-teken en néerlandais, handlowe i en polonais, i comercial en catalan, Kaufmannsund en allemand, och-tecken en suédois, og-tegn en danois, y comercial en castillan, etc.

Son utilisation commerciale explique sa présence sur les claviers de machines à écrire dont les caractères ont été repris sur les claviers d’ordinateurs. Comme le signe @ ("à commercial"), qui figure aussi sur les claviers et qui a été choisi comme séparateur dans les adresses électroniques, le signe & est très utilisé, en informatique, dans les langages de programmation et dans le langage HTML (notamment pour l’écriture des codes des couleurs et des codes des caractères spéciaux).

L’origine des mots "esperluette" ou "esperluète"» et "perluète" fait l’objet de plusieurs hypothèses.

Certains dictionnaires les font provenir des mots latins perna (jambe, cuisse) et sphærula (petite sphère) avec une influence du mot uvula (luette). Le nom du signe proviendrait ainsi de sa forme. Cela semble peu crédible.

Une origine plus vraisemblable réside dans le fait que le signe & était présenté autrefois comme la 27ème lettre de l’alphabet et prononcé "ète". La récitation, comme une comptine chantée, de l’alphabet par les écoliers se terminait par des mots du genre : et, per lui, et (signe et qui par lui-même signifie et). Cette origine, à caractère mnémotechnique, est d’autant plus crédible qu’on en trouve une similaire pour le mot anglais correspondant ampersand (and per se and).

On peut penser aussi que les enfants s’amusaient à ajouter à leur récitation (en récréation plutôt qu’en classe) un mot fabriqué à partir d’épeler et de pirouette et aient fini, par jeu, par donner ce nom au signe &. On disait d’ailleurs parfois pirlouète ou pirlouette. Cela expliquerait que le mot ait plusieurs formes.

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