Le Mot d’Or de la Traduction est organisé par l’APFA (Actions pour promouvoir le français des affaires) en collaboration avec l’Organisation internationale de la Francophonie, la Délégation générale à la langue française et aux langues de France, l’Union internationale de la presse francophone et la Société française des traducteurs.
Nature et objectif du Mot d’Or de la Traduction
Le Mot d’Or de la Traduction est un signe de reconnaissance décerné chaque année à un ouvrage traduit en langue française qui permet de faire connaître aux lecteurs francophones des sociétés et des cultures qui leur sont inconnues ou méconnues. Il récompense le traducteur pour son travail en faveur de la reconnaissance des autres cultures, de la valorisation de la diversité culturelle et du dialogue interculturel entre les peuples. Les qualités reconnues par le Jury font également honneur à la maison d’édition qui a sélectionné et publié l’ouvrage primé.
Ouvrages admissibles
Le Mot d’Or de la Traduction est réservé exclusivement à des romans, des récits et à des recueils de nouvelles publiés depuis moins de 2 ans. Les ouvrages proposés doivent contenir des éléments concernant la vie économique au sens large. La terminologie économique fait en effet l’objet d’une attention toute particulière pour l’évaluation des candidatures.
Procédure de participation et de sélection
La participation au Mot d’Or de la Traduction est gratuite. Chaque éditeur peut présenter un maximum de trois candidatures par année. Un formulaire d’inscription, accompagné de quatre exemplaires de chaque titre, doit être rempli et envoyé, impérativement avant la date du 20 octobre, à l’adresse suivante :
Apfa – Le Mot d’Or de la Traduction
Laurence COUSIN PICHEAU
17 rue de l’Égalité
93100 Massy
France
Téléphone/répondeur : 33 (0) 6 61 71 40 43
Adresse de messagerie : apfa.lemotdor@gmail.com
Site : http://www.apfa.asso.fr
Le secrétariat n’envoie pas d’accusé de réception, mais peut confirmer téléphoniquement, sur demande, la bonne réception du dossier.
Le Jury du Mot d’Or de la Traduction, composé de personnalités du monde de la traduction, de l’entreprise, de la création et de l’action culturelle et de terminologues, examine tous les titres admissibles en tenant compte des critères suivants :
- Fidélité et qualité de la traduction, avec une attention spécifique à la terminologie économique,
- Qualité littéraire du texte français,
- Valeur de découverte de l’ouvrage, c’est-à-dire sa capacité à rendre accessible au lecteur de langue française des sociétés, des cultures et des modes de vie, de travail et d’échange qui lui sont inconnus ou méconnus.
Proclamation du lauréat
Le Mot d’Or de la Traduction, expression de reconnaissance d’ordre symbolique et sans valeur commerciale, est attribué au(x) traducteur(s) d’un seul ouvrage, mais le Jury peut décider de formuler, à titre exceptionnel, une mention spéciale supplémentaire. Le nom du lauréat est proclamé lors des Journées annuelles du français des affaires et des Mots d’Or de la francophonie, au mois de mars pendant la Semaine de la langue française et de la Journée internationale de la Francophonie.
Les lauréats
Le premier Mot d’Or de la traduction a été décerné en 2003 à Françoise NAOUR pour sa traduction du chinois du roman Des yeux gris clair par Wang Meng aux Éditions Bleu de Chine.
Le Mot d’Or de la traduction 2004 a été décerné à Veronika NENTCHEVA et Éric NAULLEAU pour leur traduction du bulgare du roman Abraham le poivrot d’Angel Wagenstein aux éditions L’Esprit des péninsules.
Le Mot d’Or de la traduction 2005 a été décerné à DOAN CAM THI pour avoir réuni, traduit et présenté quatorze récits de jeunes auteurs vietnamiens, Au rez-de-chaussée du paradis, aux éditions Philippe Picquier.
Le Mot d’Or de la Traduction 2006 a été décerné à Rania SAMARA pour avoir offert une remarquable découverte en français du roman de Naguib MAHFOUZ, Son Excellence, publié en langue arabe en 1976, édité en 2006 chez SINDBAD-ACTES SUD, plus particulièrement pour avoir su traduire le regard lucide plein d’humour et d’humanité porté par l’auteur sur l’irrésistible ascension d’un employé dans un système bureaucratique.
Le Mot d’Or de la Traduction 2007/2008 a été décerné à Mooshegh ABRAHAMIAN pour la première traduction de l’arménien du roman de Raffi, écrit en 1880, Le Fou, édité chez Bleu autour, pour avoir su traduire dans ce roman très riche aux multiples personnages, en un style vif attentif aux néologismes qui emporte le lecteur, la vie quotidienne d’une société broyée par les drames de l’histoire mais dont la vision d’avenir reste portée par un humanisme fondé sur le progrès technique, l’instruction et l’enrichissement de la langue maternelle.
Le Mot d’Or de la traduction 2009 a été décerné à Yan HANSHENG et Lisa CARDUCCI pour avoir permis une excellente découverte en français du roman de Jiang Rong Le Totem du loup édité chez François Bourin dans la collection dirigée par Jean-Jacques Augier. Grâce à la force de leur traduction, ils offrent à la francophonie une démonstration sensible, brillante et limpide du principe du « juste milieu », à l’opposé de la « quantité d’abord ! », si nécessaire en ce temps de crise mondiale. Leur traduction parfaite permet déjà au vieux pasteur nomade et au jeune instruit d’éclairer les décisions pour la survie des civilisations.
Le Mot d’Or de la traduction 2010 a été décerné à Philippe VIGREUX, pour avoir permis une brillante découverte en français du roman d’IBRAHIM AL-KONI Comme un appel du lointain, édité chez MICHEL DE MAULE. Grâce au lyrisme et à la beauté de sa traduction, Philippe VIGREUX offre à la francophonie toute la force et la vérité profonde de la civilisation du désert. À travers un siècle d’histoire de la Libye, il fait vivre une civilisation nourrie de liberté, d’engagement politique au service de l’homme, de techniques marchandes nommées avec les termes justes du « troc à distance » aux « enchères inversées », et d’une vie quotidienne dans le désert où l’on voyage sans cesse au sein d’amples paysages tout en philosophant, car là « réside le secret de l’humanité toute entière ».
Le Mot d’Or de la traduction 2011 a été décerné à Anne COLIN DU TERRAIL pour avoir permis de pénétrer en français dans l’âme et l’histoire finlandaises, au siècle dernier, saisies par Arto Paasilinna dans son roman Sang chaud, nerfs d’acier (éditions Denoël). Le Jury a été enchanté par la beauté littéraire de la traduction d’Anne Colin du Terrail dès la première phrase du roman, par la précision des descriptions, par l’emploi du terme juste tel que l’avitaillement ou le bail emphytéotique, par son art remarquable pour rendre compte de situations cocasses à l’image de cette éducation commerciale, pétrie d’humanité, où l’honnêteté côtoie la malice et par son attention permanente au sens des mots, à leur étymologie et aux langues.
Le Mot d’Or de la traduction 2012 a été décerné à Elif DENIZ et Pierre VINCENT, traducteurs du roman Pensionnaire d’État, de Füruzan, Éditions Bleu autour, pour la force de leurs descriptions et leur fidélité aux différents registres de la langue turque qui éclairent, avec des notes de bas de page d’une belle pédagogie, tant la vie quotidienne très concrètement (les vitrines à bretelles, les marchands de neige, les marchands d’épices, les assortiments larges et profonds des immenses magasins) que la révélation de la condition ancillaire de Madame Fortune pétrie d’abnégation ainsi que le rêve déçu du fonctionnaire Münip, si bien évoqués dans leur traduction des deux excellentes et dernières nouvelles.
Le Mot d’Or de la traduction 2013 a été décerné à Isabelle ROSSELIN, pour avoir mis au mieux en lumière sa mission privilégiée de « passeur de culture » en gardant le cap, ici précisément « le sens de l’histoire », en jouant sur tous les registres pour protéger identité, cohésion et compréhension, par sa traduction du néerlandais (Belgique) de Congo, une histoire de David Van Reybrouck chez Actes Sud, appelé livre total dans Le Monde du 21 septembre 2012.
Le Mot d’Or de la traduction 2014 a été décerné à Jean-Pierre MINAUDIER, pour sa traduction de l’estonien de L’homme qui savait la langue des serpents d’Andrus KIVIRÄHK aux Éditions LE TRIPODE.
Le Mot d’Or de la traduction 2015 a été décerné à Gilles GAUTHIER, pour sa traduction de l’arabe (Égypte) du roman Automobile Club d’Égypte d’Alaa El Aswany chez Actes Sud.
Le Mot d’Or de la Traduction francophone 2016 a été décerné à Nathalie GAILIUS pour sa traduction française de l’italien du livre de Giacomo TODESCHINI Au pays des sans-nom publié aux Éditions Verdier en 2015. Elle offre au lecteur une découverte totale des racines de la mise hors du marché des « gens de peu » ainsi que des mécanismes de l’exclusion toujours actuels, cette « mécanique de l’histoire » chère à Giacomo Todeschini que l’excellence de la traduction de son œuvre Au pays des sans-nom met à la portée de chacun. L’attention de Nathalie Gailius au mot juste tel que « le modèle entrepreneurial », « les opérateurs de marché », « la nature anomale d’un sujet », « l’équité théorique du marché », les dénominations si diverses des métiers, des « porte-balles » aux « ressemeleurs », l’interprétation des pratiques marchandes avec la place des « serments professionnels » et du « prêt à intérêt », donnent des outils précieux de compréhension d’un aspect de notre monde, celui « des peuples sans droits, perpétuels migrants cantonnés à la lisière de paradis qui ressemblent de manière stupéfiante à des supermarchés ».
Le Mot d’Or de la Traduction francophone 2016, Mention spéciale, a été décerné à Élisabeth MONTEIRO RODRIGUES pour nous avoir permis d’être enchantés depuis des années par la lecture des œvres de Mia Couto dont ses traductions en français ont su rendre toute la poésie, toute l’ambiance onirique des récits fondées sur une puissante créativité langagière, une terminologie colorée et créolisée d’une grande séduction.
Le résultat final du Jury de la Traduction en français des affaires, après la dernière réunion du 16 janvier 2020, proclame le classement suivant :
- Bureaucratie de David Graeber
- Sovietica de Irina Malenko
- Parlez-moi d’amour de Xiran
- Les Invisibles de Roy Jacobsen
- Rentrer à la nage de Rolf Lappert